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vendredi 7 octobre 2011

Epilogue

« Coupez ! C'est bon, c'est dans la boîte. »

Fini. Le film était enfin terminé. J'allais pouvoir souffler un peu car la post-production ne débuterait que dans deux semaines. Quinze jours de repos ou presque. Le pied.

« Edward, as-tu encore besoin des techniciens ? » me demanda mon frère.

« Non, Em. Fais tout remballer. Et vérifie si tout est bien chargé et surtout que le site soit nickel. Sinon, je vais encore avoir la proprio sur le dos. »

« Ouais ! Celle-là, toutes les excuses sont bonnes. Tu aurais dû lui proposer de payer en nature, je suis sûr qu'on n'aurait eu aucun soucis, » plaisanta-t-il.

« Hum… mais elle t'apprécie aussi beaucoup. Je pense que Rose ne verrait aucun inconvénient à ce que tu me représentes et donnes de ta personne pour m'aider, » répliquai-je en riant.

« Hey, t'es fou ? Elle m'arracherait la tête juste si elle apprenait que cette femme a reluqué mes fesses. »

« Alors je pense que tu comprends pourquoi je me tiens loin d'elle. »

« Ok j'ai compris. »

« Parfait. On se voit demain chez les parents. »

« Ouais, salut. Allez les gars, on range et on profite des deux semaines de congés que le boss nous octroie. »

Je regardai mon équipe s'affairer comme à leur habitude avec désordre mais efficacité. Je fis demi-tour et rejoignis la script qui a son sourire n'avait rien raté de notre échange. Je lui souris en retour en m'approchant d'elle. Elle était assise sur un haut tabouret de bar. Elle tenta de m'ignorer en rangeant ses feuilles et gribouillant certainement des répliques qui lui serviraient dans un autre scénario. Je me postai devant elle ou plus exactement entre ses cuisses, me collant bien à elle.

« Edward, je travaille. »

« Non, tu as fini comme nous tous. »

« Encore quelques petites choses à… »

« Non, non. »

« Bon d'accord, » répondit-elle en refermant d'un mouvement brusque son carnet de notes. Mais elle ne bougea pas.

« C'est mieux. On y va ? »

« Hum…. Ainsi la propriétaire de cette jolie grange a des vues sur toi ? » déclara-t-elle en passant un doigt le long de ma mâchoire.

« Non. »

« Non ? Oh aurais-je mal entendu ? »

« C'est une femme seule et… »

« Seule en plus ? »

« Ok elle m'a un peu fait du rentre dedans lorsque j'ai été négocié l'emprunt de cette grange mais tu sais qu'il n'y a que toi qui compte pour moi. »

« Je pense que je vais avoir besoin que tu me rafraichisses un peu la mémoire après ce que je viens d'entendre, » me taquina-t-elle en descendant son doigt de plus en plus bas pour terminer sa course au niveau de la couture de mon jeanssur mon entrejambe.

« Ok tout ce que tu veux mais je ne pense pas que commencer ici soit une très bonne idée, » rétorquai-je en me tortillant pour réajuster mon sexe qui avait plus que réagit à sa douce caresse.

« Bien Monsieur Cullen, alors je pense qu'il est plus que temps de rentrer. »

« Tout à fait d'accord, Madame Cullen. Rentrons à l'hôtel. »

Je passai mon bras gauche autour de ses épaules et l'emmenai vers la voiture de location pour nous ramener vers notre hôtel. J'aimais l'appeler Madame Cullen. Pourtant le chemin pour y arriver avait été semé d'embuches.

Ma famille avait succombé très rapidement au charme de Bella et notre première semaine ensemble n'avait pas été de tout repos. J'avais dû batailler contre ma sœur pour qu'elle ne me l'enlève pas sans arrêt. Mais les moments d'intimité que nous avions eus avait permis de nous connaitre, de nous découvrir et surtout de savoir que nous voulions avancer ensembles. Au bout de cinq jours à me chamailler avec ma famille pour la garder pour moi et montrer New York à Bella, je n'en pouvais plus. Je fis nos sacs en un temps record et l'emmenai à l'aéroport JFK à toute vitesse. On ne savait jamais qu'Alice déciderait de débarquer ! Nous avions eu beaucoup de chance car un vol direct pour Seattle était en partance. Je nous trouvai une chambre dans un petit hôtel rustique du centre-ville.

A la fin de la semaine, Bella reprit le chemin de l'université et moi, je montais dans le vol me ramenant à New York. Les trois mois menant vers les vacances me parurent interminables. Bella me manquait mais il était difficile de partir à Seattle à tout bout de champ. Nous dûment concilier cours, travail et week-end en amoureux. C'était épouvantable. A tel point qu'arrivés au mois de juillet, nous passâmes une semaine entière enfermés. Durant l'été, nous avions cherché des solutions mais aucune n'était satisfaisante. Je ne pouvais pas quitter New York car ma société s'y trouvait ainsi que ma famille. De plus, Emmett venait lui aussi d'emménager avec Rosalie, sa petite amie et comme nous travaillions ensembles, nous devions rester dans la même ville.

Quant à Bella, elle avait des difficultés à envisager de quitter définitivement la côte Ouest, ses amis et surtout s'éloigner autant de Jacob qui faisait office de famille pour elle. Nous tournions en rond sans voir le bout du chemin. Une fois encore, ce fut Jake qui aida Bella à prendre sa décision. Il lui fit prendre conscience de ce qu'elle désirait vraiment, c'est-à-dire : MOI. Non, je n'étais pas prétentieux, c'était elle qui me l'avait avoué. Afin de faciliter la décision de ma belle, et suivant les conseils avisés de Jacob, je réussis à racheter l'ancienne maison de Charlie Swan. Elle rouspéta un peu sur le fait qu'elle ne pouvait intervenir financièrement pour l'achat mais finit par me remercier….très chaleureusement. C'est ainsi que Bella emménagea avec moi à New York et que nous retournions durant chaque vacances à Forks.

Les trois années suivantes passèrent ainsi entre mon travail, son cursus universitaire et nos allers-retours entre les deux côtes des Etats-Unis. Ces années furent parsemées de hauts et de bas comme pour chaque couple mais renforcèrent notre amour. Notre famille s'était agrandie par l'arrivée d'une jolie tête blonde chez ma sœur, Alice. Sa fille, Kate ressemblait comme deux gouttes d'eau à son père avec le caractère espiègle de sa mère. Quant à Rosalie, elle attendait son premier enfant pour la fin du mois. L'arrivée de ces bambins me donnaient parfois envie d'imiter mes frères et sœurs. Mais Bella voulait encore attendre un peu pour pouvoir profiter l'un de l'autre. Et puis, nous n'étions mariés que depuis un mois. Un mariage simple avec uniquement ma famille et ses amis de la Push. La cérémonie avait eu lieu à Forks, suivie d'un buffet dans le jardin de notre maison et dune fête qui s'était terminée aux petites heures du jour. Malheureusement, avec le film en cours, nous n'avions pu partir en voyage de noces mais j'étais décidé à me rattraper même si Bella trouvait inutile de partir loin.

Mais j'oubliais. Durant ces études, Bella avait poursuivi sa passion pour l'écriture. J'étais tombé en admiration devant l'une de ses histoires et je lui avais proposé de la retravailler pour m'en faire un scénario. Bella y avait consacré des heures et des heures mais elle avait relevé le défi. C'était ce film, notre œuvre, qui nous avait empêchés de partir en voyage de noces. Nous y avions consacré toute notre énergie et aujourd'hui, les dernières minutes venaient d'être tournées. Je nous revoyais, discutant, sur le divan de la cabane de Jacob, il y avait quelques années. Je lui avais suggéré qu'un jour elle serait ma scénariste mais jamais, ce jour-là, je n'avais imaginé notre avenir tel qu'il s'était déroulé.

« Edward ? »

« Oui ? »

« Tu étais dans la lune, mon amour. »

Nous venions de pénétrer dans la chambre sans vraiment que j'en sois conscient. Je me tournai vers elle et attrapai sa main.

« Désolée. Je me remémorais notre parcours depuis notre rencontre, un soir d'orage. »

« Oh. De bons souvenirs ? » demanda-t-elle avec une pointe d'appréhension dans la voix. Après près de quatre années de vie commune, elle doutait toujours.

« Les meilleurs. Je ne changerais aucun d'eux. »

Je l'attirai à moi et la serrai contre mon torse. Je voulais qu'elle comprenne l'importance qu'elle avait pour moi et surtout l'intensité de mon amour pour elle. Sa tête enfouie contre moi, je sentis la chaleur dû au rougissement de ses joues.

« Bella. Regarde-moi. »

Elle leva doucement la tête, un faible sourire sur ses lèvres.

« Bella, tu es la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie. Jamais, tu entends ? Jamais je ne voudrais changer quoi que ce soit à ma vie. Je t'aime. »

« Je t'aime, moi aussi. Tellement. »

Je l'embrassai tendrement, la menant précautionneusement vers le lit. Dès que ma jambe en rencontra le bord, je nous laissai tomber dessus, me positionnant sous elle. Elle me chevaucha, un sourire malicieux sur le visage.

« Ne devais-tu pas me rafraîchir la mémoire ? »

« Mais avec plaisir ma chérie. »

J'attrapai sa taille et nous fis pivoter pour me retrouver au dessus. J'avais toute la nuit, que dis-je, j'avais toute la vie pour lui prouver encore et encore qu'elle était et resterait la seule et unique femme de ma vie.


Voilà les derniers mots.

Je sais que certaines d'entre-vous auraient aimé qu'elle soit plus longue mais j'en ai fait le tour et puis dès le départ on savait qu'elle serait très courte.

J'espère qu'elle vous aura plu et que vous me laisserez un petit mot avant de partir.

Je prépare actuellement une nouvelle fiction. Un Jella car l'envie est si forte depuis longtemps que je me lance enfin.

A très vite j'espère.

Eli

mercredi 7 septembre 2011

Chapitre 5: Enfin

Chapitre 5 :

POV Edward

Un dîner de famille, super ! J'allais encore avoir droit aux remarques de mes parents car je ne passais pas assez souvent les voir, aux critiques de ma sœur sur mes choix vestimentaires, à la psychanalyse de mon beau-frère s'inquiétant de mon besoin de solitude ou encore, aux détails très explicites de la vie sexuelle de mon frère. Ruminant ces idées, je sirotai mon apéritif, un œil sur la télévision. Je regardai les images sans vraiment les voir. L'entrée de mon père me fit sursauter lorsqu'il m'adressa la parole.

« Toi, tu n'as pas la conscience tranquille, mon grand, » plaisanta mon père en prenant place dans le fauteuil face au mien.

« Non, j'étais concentré. »

« Ah oui ? Je ne savais pas que tu étais fan de cette vieille série ? »

Surpris de sa remarque, je reportai mon attention sur l'écran pour voir un vieil épisode de Friends. Effectivement, c'était plutôt le style de ma petite sœur que le mien.

« Je ne regardais pas vraiment la télé, Papa. Je réfléchissais. »

« A un nouveau projet ? »

« Tu sais bien que ma tête grouille constamment de nouvelles idées. Et avec ma victoire aux Oscars, j'avoue que ça m'ouvre énormément de possibilité. Il ne me reste plus qu'à faire un choix. »

« Je suis heureux et fier que tu aies réalisé tes rêves. Mais il n'y a pas que ça dans la vie. »

« Papa ! Je suis heureux ainsi pour le moment. On va pas encore aborder le même sujet, » soupirai-je.

« Edward, nous ne voulons pas t'embêter ta mère et moi. Mais nous aimerions te voir vraiment heureux et partager tes rêves avec quelqu'un. Ta séparation avec Irina nous a tellement surpris. »

« Papa ! Pour le moment, je n'ai besoin de personne dans ma vie pour être plus heureux. Quant à ma séparation d'avec Irina, je sais qu'elle a été subite mais nous n'étions plus que des amis depuis longtemps. C'est même à se demander si nous n'avons même jamais été amoureux. Lorsqu'elle est partie en vacances et que je n'ai pas voulu l'accompagner, nous avons bien réfléchi chacun de notre côté. Si nous avions été épris l'un de l'autre, jamais elle ne serait tombée amoureuse de Laurent à Paris. Non, crois-moi, c'est très bien ainsi. Et puis, je ne suis pas si vieux que ça pour me caser. »

« Qui va se caser ? » demanda Emmett en pénétrant dans le salon.

« Personne. »

« J'avais cru comprendre qu'une fille t'avait passé la corde au cou. »

« Emmett, je me sens très bien ainsi pour le moment et je pense que si ça arrivait, tu serais l'un des premiers au courant. »

« J'aime mieux ça ! » répliqua-t-il si bas que je crus avoir mal entendu.

« Qu'as-tu dit ? »

« Que j'espère bien être le premier informé. »

Je gardai les yeux sur mon frère qui sembla mal à l'aise et disparut à la cuisine saluer notre mère. Il revint si rapidement vers nous que mon père n'eut même pas le temps de reprendre son questionnement à mon grand soulagement.

« Je t'ai apporté ceci, Ed, » déclara Emmett en me tendant une grande enveloppe.

« Ne m'appelle pas ainsi. C'est quoi ? »

« C'est un truc à lire de…d'une amie. »

Je saisis l'enveloppe et la déposai sur la table basse devant moi avant de me remettre à siroter ma boisson.

« Tu ne regardes pas ? »

« Emmett, je ne vais pas lire un manuscrit maintenant alors qu'on est en famille. Ca attendra bien lundi. »

Mon frère soupira mais n'insista pas, chose assez inhabituelle pour lui.

« Au fait, ta garce de secrétaire a fait fort aujourd'hui. Il serait plus que temps que tu la remettes à sa place une bonne fois pour toute. »

« Qu'a-t-elle encore fait pour te mettre de si mauvaise humeur ? » ricanai-je. Je connaissais assez pour frère pour savoir qu'il n'appréciait pas du tout Lauren.

« Ce qu'elle a fait ? Ce qu'elle a fait ? Mais c'est la pire mégère que je connaisse. »

« Mais encore ? » M'amusai-je.

« Quand je lui ai demandé qu'elle me remette l'enveloppe à ton attention déposée par mon amie, elle m'a prétendu ne pas l'avoir. Or, elle l'avait jetée dans la corbeille à papier. »

« Tu exagères, elle ne ferait jamais une chose pareille. Je sais qu'elle est spéciale mais de là à… »

« Ed, elle avait jeté l'enveloppe à la poubelle, » répéta-t-il très lentement.

Honnêtement, l'attitude de ma secrétaire me dérangeait depuis un certain temps. Malheureusement je n'avais aucune raison concrète de la virer. Ce qui me déplaisait le plus était sa manière de me faire du rentre dedans à longueur de journée. Surtout depuis ma rupture avec Irina. Mais comme son travail était irréprochable, je devais faire avec. Mais il semblerait que mon frère m'amenait sur une assiette d'argent, le meilleur motif qui soit.

« Tu es bien sur ? »

« Absolument. Je devais te l'apporter ce soir mais cette….elle l'a récupéré dans la corbeille pour me la donner. »

« Je m'occupe d'elle lundi. Merci, tu viens de me donner une super bonne raison de la virer. »

« Tu viens d'égayer ma soirée, frérot. Et, tu ne veux vraiment pas y jeter un œil ? »

Je soupirai et m'apprêtai à lui répondre quand ma tornade de petite sœur entra dans la pièce suivie de près pas son mari. Elle débordait toujours de joie et bonne humeur. Ils nous saluèrent tous et prirent place à nos côtés pour prendre l'apéro. Nous discutâmes de choses et d'autres. Alice critiqua ma tenue comme je m'y étais attendu. Elle trouvait que maintenant que j'avais « réussi », je devais arborer des tenues plus chics alors que moi, je ne me sentais à l'aise qu'en jeans et baskets.

Il était vingt et une heure quand nous sortîmes de table. Ma mère proposa de servir des digestifs au salon. Alice partit à la cuisine l'aider tandis que nous, les hommes, nous prenions place au salon. Mon regard se posa sur l'enveloppe qu'Emmett avait apportée avec lui. Pendant que mon père faisait le service, je l'attrapai et l'ouvris. A l'intérieur se trouvait une liasse de feuilles dactylographiées et reliées. Sur la page de garde, un titre y était inscrit.

« Un soir d'orage »

Malgré le fait que j'avais dit à mon frère ne pas vouloir le lire, ma curiosité l'emporta et je me mis à feuilleter ces pages. Dès les premières lignes, je compris qu'il s'agissait plus d'une nouvelle que d'un scénario mais je continuai à lire de ci de là. Je m'apprêtai à refermer le livre et le ranger dans l'enveloppe quand une phrase attira mon attention. Je revins en arrière et repris ma lecture.

Je me réveillai sur un petit nuage. Je m'étirai et pivotai sur moi-même afin de regarder l'autre côté du lit. Mais il était vide et froid. Mon mystérieux voyageur s'était éclipsé durant mon sommeil. Je sentis mon cœur se serrer à cette idée mais après avoir poussé un soupir, je sortis du lit. J'aurais dû m'en douter, il ne m'avait fait aucune promesse.J'enfilai la nuisette qui trainait sur le sol et me dirigeai vers la cuisine.

Lorsque j'arrivais dans le living, le désordre qui y régnait me fit sourire. Sur la table basse, les restes de notre dîner improvisé s'y trouvait toujours. Je souris en voyant les raisins et je pense même que je rougis à la penser de la manière dont je les avais mangés, nourrie par Anthony.

Une folle envie de café me tirailla quand je vis un bout de papier posé sur mon livre. Anthony y avait laissé un message à mon intention. Les larmes me montèrent aux yeux en lisant ces quelques mots.

Je n'oublierai jamais.

Je t'aime

A

Je me levai d'un bon comme si une force invisible m'avait expulsé du fauteuil. Je remarquai à peine les regards de ma famille se poser sur moi. Je relis plusieurs fois ces derniers mots comme dans un rêve. Je connaissais ces mots. Ils étaient de moi. Je les avais écrits il y avait quelques mois. Un soir d'orage. Non, c'était impossible. Comment ? Tous les regards étaient posés sur moi. Je relevai les yeux et croisai ceux de mon frère qui arborait un magnifique sourire très explicite. Il savait !

« Je vois que tu as quand même décidé de le lire ? Intéressant n'est-ce pas ? »

« Co…comment ? Non c'est pas possible ?... »

« Qu'est ce qui n'est pas possible Edward ? » demanda ma sœur.

« Pourquoi ne le serait-ce pas Ed ? »

J'étais perdu. Complètement perdu. C'était impossible. Cette histoire ne pouvait pas être écrite par Bella ? Mais alors, comment ces mots, si semblables et cette situation, pourraient-ils être si proches du merveilleux souvenir que je gardais de cette nuit ? Je secouai la tête afin de remettre mes idées en place tandis que je restais au centre de toutes les attentions de ma famille.

« Vas-tu nous dire ce qui te met dans cet état ? » insista Alice.

Mais je l'ignorais complètement, mon esprit tourné uniquement sur ces mots que je venais de lire et sur mon frère qui semblait être le lien qui pouvait me mener à elle. Je fis quelques pas dans sa direction et il pivota pour me faire face. Le sourire qui illuminait son visage était ironique mais en même temps, il reflétait son affection pour moi.

« Où est-elle ? »

« Qui ? » répondit-il.

« Tu le sais très bien. »

« Mais nous pas. De qui parles-tu, Edward ? » Questionna ma mère.

« Quelqu'un, » répliquai-je distraitement. Je ne voulais pas perdre de temps à répondre aux autres alors que mon frère me narguait en trainant avant de me donner l'information qui m'intéressait.

« Emmett, où est-elle ? »

« Et pourquoi te le dirais-je ? »

« Parce que je te le demande et que si tu as insisté pour que je lise, c'est bien pour que je la reconnaisse. »

« Si tu sais qui l'a écrit, elle doit bien avoir laissé un message. »

« Non. J'ai juste reconnu un passage de sa nouvelle. »

« Un passage d'un texte ? Waw, il doit vraiment signifier quelque chose pour toi pour la reconnaitre juste en le lisant. »

« Oui très reconnaissable. Alors où est-elle ? » m'énervai-je.

« Elle n'a rien écrit ? »

« Non, rien. Pas de nom, pas d'adresse…Rien. »

« Mais vas-tu enfin nous dire de quoi il s'agit ? » s'écria Alice en se pointant devant moi, les mains sur les hanches.

« Pas le temps Alice, je …. »

« Et bien prends cinq minutes, je suis toute ouïe comme tout le monde je pense. »

Autant lui dire sinon, j'étais encore là demain matin à tergiverser avec elle. Qu'est-ce qu'elle pouvait être agaçante quand elle s'y mettait ?

« C'est une fille que j'ai rencontré il y a un certain temps et que je n'ai plus revu. »

« Et ? »

« Et quoi ? »

« Et le rapport avec Emmett ou cette enveloppe qui semble t'avoir retourné le ciboulot ? »

Je soupirai avant de m'éloigner d'elle et de son regard inquisiteur.

« Et bien, moi aussi j'aimerais connaitre le rapport » m'énervai-je à nouveau.

« Du calme frangin. Mais d'abord, pour un qui depuis des mois, soutient que rien ne te préoccupe, que ta rupture avec Miss Perfect n'a aucune raison particulière, que tu ne ruminais rien lors de notre retour de la Push, tu as bien caché ton jeu. »

« Il n'y avait rien à dire, Em. »

« Durant tout le vol, je t'ai demandé ce qui n'allait pas. Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de ta rencontre avec Bella durant le tournage ?»

« Parce qu'il n'y avait rien à dire. »

« Ah, elle s'appelle Bella ? »

« Oui. Mais elle avait sa vie, Em. »

« Rien à dire ? Ah non ? Et c'est pour cela que tu as râlé tout le temps quand tu as su qu'elle ne viendrait pas. »

« Ca n'avait rien à voir. »

« Rien à voir ? Mon cul ! Alors, je ne vois pas de raison de te dire quoi que ce soit sur elle maintenant. »

« EMMETT ! »

« Non, Edward. Tu t'en foutais à ce moment-là alors, je ne vais certainement pas te permettre de la voir, de l'embêter ou de la faire souffrir, » lâcha-t-il avant de tourner les talons et de faire mine de sortir de la pièce.

Alice nous observait attentivement mais ne posait plus de questions. Il est vrai qu'il était très rare de voir Emmett s'énerver et de tenir un discours aussi dénué d'humour. Je fermai les yeux un instant pour faire le point. Si je voulais des réponses, je devais expliquer, devant ma famille, ce que j'avais vécu et ressenti durant ces derniers mois. Tout comme je devais avouer que j'avais trompé Irina. Emmett ne l'aimait pas mais mes parents, eux, n'allaient pas être très heureux d'apprendre mon comportement. Mais je n'avais pas le choix. Si je me taisais, Emmett partirait et je n'aurais plus aucun moyen de la trouver, ici à New York.

« Attends ! »

Il s'arrêta au niveau de la porte mais il ne se retourna pas. Il ne prononça même pas une parole.

« Tu as raison. J'avais espéré en nous rendant à la Push que je la verrais. Que je pourrais lui parler, un peu. Mais elle n'est pas venue et j'avoue que j'ai été fortement déçu. »

Emmett pivota, un sourire aux lèvres. Il pencha légèrement la tête, attendant la suite.

« Elle était déjà dans toutes mes pensées avant mais la soirée fut horrible. Tes questions m'ont obligé à réfléchir, ouvrir les yeux et à prendre des décisions comme celle de me séparer d'Irina. »

« Si je comprends bien, Edward. Tu as connu cette fille durant le tournage dans l'Etat de Washington ? » s'informa mon père.

Je déglutis face à l'aveu que je devais faire mais ce n'était plus le moment de me taire. Le regardant, je leur racontai le début de l'histoire. J'entendis ma mère émettre un hoquet de stupeur lors de mon récit, édulcoré, de notre rencontre et de notre nuit. Alors que je m'attendais à un déferlement de critiques de mes parents, c'est ma sœur qui parla la première.

« Mais c'est génial, Edward. Et c'est si romantique, » s'exclama-t-elle.

« Alice, il a quand même trahi sa fiancé, » s'offusqua ma mère face à sa joie.

« Oh maman ! Tu sais aussi bien que moi, qu'Irina et Edward étaient de très bons amis mais pas de véritables amoureux. »

« Oui mais quand même. Ton attitude Edward n'est pas très …. »

« Très correcte maman ? »

« Oui, je ne veux pas te critiquer mais… »

« Je sais tout cela. Mais c'était plus fort que nous. Et rassure-toi. Irina était bien d'accord avec moi pour notre séparation et je ne lui ai rien caché de ma rencontre avec Bella. »

« En plus, c'est si joli comme prénom. »

« Bon c'est bien beau tout cela. Mais il est près de 22h30 et si tu veux avoir une chance de la voir, il serait temps de partir, » annonça Emmett en me souriant.

« Tu sais où je peux la trouver ? »

« Comme je te l'ai dis tout à l'heure, je l'ai croisée alors qu'elle quittait nos bureaux. J'ai discuté avec elle, lui proposant même de déjeuner demain ensemble mais elle repart pour Forks dans la matinée. »

« Et tu connais son hôtel ? » demandai-je plein d'espoir.

« Non. »

« Non mais alors comment…. »

« Non mais je sais où elle est ce soir. Mais je pense qu'on doit se grouiller si on ne veut pas la manquer. Elle va pour une remise de prix si j'ai bien compris mais ça ne dure pas toute la nuit, ce genre de chose. »

« Non effectivement. Alors on y va, dépêche, » lançai-je en le dépassant, attrapant ma veste et mes clés dans l'entrée.

« Edward, » m'appela ma mère.

« Edward, on t'accompagne, » cria ma sœur mais je ne pris pas la peine de lui répondre et la plantai là, au milieu du salon. J'allais devoir me faire pardonner demain. Les minutes passaient et le temps m'était compté. Je vérifiais seulement si mon frère me suivait. Nous montâmes dans ma Volvo et je démarrai sur les chapeaux de roue, laissant une trainée dans les graviers de l'allée. Je ne voulais pas la manquer cette fois-ci. Je rejoignis rapidement le centre ville, slalomant entre les autres véhicules. J'étais entièrement concentré sur la route, n'ayant prononcé aucun mot depuis que nous avions démarré.

« Ralentis, » demanda Emmett.

« Tu as dit de se dépêcher. »

« Oui mais si tu as un accident, ça ne t'aidera pas. »

« Hum, » grognai-je.

J'étais pressé d'arriver mais c'est vrai que c'était inutile de prendre des risques. Je levai donc le pied de l'accélérateur.

« Et on va où ? »

« La soirée se passe au Plazza Athénée. C'est un truc littéraire si j'ai bien compris ce que Jacob m'a expliqué. »

« Jacob ? Pourquoi as-tu parlé à Jacob ? »

« Oh c'est simple. Il m'a téléphoné pour me prévenir du passage de Bella au bureau. Il semblerait qu'elle lui ait raconté votre soirée. »

« Comment ? Tu étais au courant et….et tu n'as rien dit ? »

« Dit quoi Edward ? Oh au fait, je suis au courant de ton escapade. Je sais que tu t'es envoyé en l'air avec Bella. Non, je ne pouvais pas. Mais j'aurais apprécié que tu te confies à moi, que tu me fasses confiance. »

« Tu…Tu es la personne en qui j'ai le plus confiance. Mais …Mais j'étais mal. »

« Explique-moi ? » proposa-t-il d'une voix douce.

Je tournai la tête vers mon frère. Sur son visage, je m'attendais à trouver des signes de colère, de frustration ou même de dégout mais je ne vis que l'affection qu'il me portait et une sincère curiosité. Je lui souris avant de reporter mon attention sur la route. Plus que quelques minutes et nous serions devant l'hôtel.

« Cette nuit-là a été la plus merveilleuse que j'ai jamais passé auparavant. J'étais perdu durant cet orage et je voulais un téléphone pour te joindre car mon portable ne passait pas et que le GPS était complètement perdu lui aussi mais avec ce temps, pas moyen. Bella m'a proposé de rester me sécher et d'attendre un peu que le temps se calme. On a discuté, ri et …. Ce n'était pas mon intention mais il y avait un je ne sais quoi qui nous attirait l'un vers l'autre. Pourtant je savais que j'étais censé rejoindre Irina et que elle, elle avait un Jacob dans sa vie mais c'était plus fort que nous. Le lendemain matin, je me suis éclipsé discrètement, la laissant dormir pour rejoindre Port Angeles et reprendre l'avion. J'ai juste laissé un petit mot.»

Je soupirai après cette partie du récit attendant qu'il dise quelque chose mais Emmett se contenta de me fixer et d'un signe de la tête m'intima de poursuivre.

« Suite à cette nuit, j'ai repris ma vie normalement. Enfin, le plus normalement possible. Mais son image me hantait quotidiennement. Après des semaines à rêver d'elle, j'ai décidé de mettre de l'espace entre Irina et moi et de tenter de savoir exactement ce que je ressentais pour cette fille. J'espérais la voir lors de notre visite à La Push. La déception a été bien plus grande que je ne le pensais. Ensuite, mon obsession pour elle n'a fait qu'augmenter. »

« Et tu as gardé tout cela pour toi ? »

« J'avais un peu peur de vos réactions. Mon attitude tant avec qu'elle que vis-à-vis d'Irina, n'était pas des plus correctes. »

« Edward. Avec toutes les frasques que j'ai faites, comment as-tu pu penser que je te jugerais ou que je te critiquerais ? »

« Je sais Em. Mais c'est si…si peu moi. »

« Ouais et bien moi, je trouve ça super. Pour une fois dans ta vie, tu as agi selon ton cœur et tes envies et non par obligation. Quant aux parents? Ils t'aiment et ne veulent que ton bonheur. »

« T'as raison. J'aurais dû te parler plus tôt. »

« Mais j'ai toujours raison, frangin. »

Nous éclatâmes de rire. C'est dans ces moments que je me rendais compte de la chance que j'avais d'avoir ma famille à mes côtés. Ils étaient toujours là pour moi malgré le fait que moi, je les avais souvent délaissés. Encore une fois, je me rendais compte que mon frère était présent et s'était même arrangé pour m'aider. C'était grâce à lui que ce soir, j'allais enfin pouvoir revoir Bella.

« Il y a une place là, » s'écria Emmett me ramenant à l'instant présent.

« Ok, on est à deux rues du Plazza. »

Je stationnai ma Volvo en deux mouvements. Nous sortîmes de la voiture et nous dirigeâmes rapidement vers l'hôtel. Il était plus de vingt-trois heures et j'avais peur que la soirée ne touche à sa fin. Nous arrivâmes à l'entrée du Plazza, passâmes devant le portier qui nous salua solennellement. Dans le hall d'entrée, je fis courir mon regard afin de trouver une indication concernant le cocktail auquel Bella participait. Une affiche reposant sur un chevalet attira mon attention. Une immense photo représentant des bouquins et reprenant des citations d'auteurs célèbres la décoraient. Je m'approchai et lus rapidement le planning du séminaire qui se terminait ce soir par la proclamation des résultats d'un concours de nouvelles destiné aux étudiants en littérature des différentes universités du pays. Mais c'était il y a déjà une heure. N'allais-je pas arriver trop tard ?

« Bon tu viens où tu continues à étudier cette affiche ? » plaisanta Emmett en me tirant par le bras pour m'entrainer dans la salle de réception.

Nous pénétrâmes dans la vaste salle magnifiquement décorée pour l'occasion. Il y avait encore un monde fou discutant de ci, de là. Je la cherchai des yeux mais je ne l'apercevais pas.

« Tu la vois ? » me demanda mon frère.

« Non. Peut-être est-elle déjà repartie ? »

« Arrête un peu d'être aussi défaitiste. On va faire le tour de la salle avant de commencer à désespérer. »

La réflexion d'Emmett me fit sourire. Nous avancions doucement entre les différents groupes, recherchant la brune de mes rêves mais je commençais à croire que je l'avais une fois de plus loupé lorsque mon regard se posa sur une magnifique chevelure brune. Je m'arrêtai, la regardant de loin. Je devais avoir un air niais mais je m'en fichais. Elle était , devant moi. Je ne me lassais pas de l'observer. Elle parlait avec deux autres filles et de ma place, je pouvais entendre son rire cristallin. Elle portait une robe couleur verte à manches courtes et vaporeuses qui lui arrivait jusqu'aux genoux. Un petit décolleté en V laissait à peine voir le début de l'arrondi de ses petits seins. J'étais hypnotisé par elle.

« Tu as l'intention de la regarder encore longtemps ? » me taquina mon frère en me donnant un coup de coude dans les côtes.

« Non mais….Ca me semble si irréel. »

« Tu ne rêves pas. Alors, vas-y. Fonce.»

« Et si elle n'était pas contente de me voir débarquer ainsi et si…. »

« Bon, si t'y vas pas, j'y vais à ta place et je la garde pour moi. Et puis tu connais le dicton : Avec des si on met Paris en bouteille, » ironisa-t-il, hilare.

Sans jamais la quitter des yeux, je soupirai pour me donner du courage, pour ravaler la boule qui obstruait ma gorge. Je regardai mon frère qui d'un signe de tête me donna l'impulsion nécessaire. J'ânonnai avant d'avancer droit devant moi. Mon cœur s'accélérait un peu plus à chaque pas. Ma respiration me semblait plus difficile. Mes mains devenaient moites à mesure que je me rapprochais de la fille qui me faisait fantasmer depuis des mois. Je vis l'une de ses amies lui susurrer quelques mots à son oreille avant de pouffer de rire. Comme dans un film, elle se retourna au ralenti me donnant tout le loisir de l'observer. Elle était encore plus resplendissante que dans mes rêves. Son regard se posa d'abord sur mon torse avant de remonter lentement vers mon visage. Lorsque nos yeux se rencontrèrent, une jolie teinte rosée fit son apparition sur ses joues. Les yeux dans les yeux, nous nous sourîmes. Je repris ma marche vers elle tandis qu'elle s'avançait à ma rencontre.

« Bonsoir, » la saluai-je.

« Bonsoir, » répondit-elle.

Son rougissement ne fit que s'accentuer. Elle captura sa lèvre inférieur entre ses dents. Ce geste anodin me fit sourire. Malgré le monde qui nous entourait, nous étions seuls au monde. J'avais bien conscience des regards posés sur nous mais je les ignorai. Je n'avais qu'une envie. L'emmener loin d'ici, loin de ce monde, loin mais auprès de moi. Mais avant cela, il serait plus que temps de dire quelque chose.

« J'avais peur de te rater. »

« Comment m'as-tu trouvé ? »

« Grâce à Emmett. Tu lui as parlé de cette soirée en apportant ton enveloppe. »

« Ah, oui, j'avais oublié. »

« Tu nous présentes Bella ? » demanda l'une de ses amies en me faisant un grand sourire aguicheur.

C'était une jeune femme plus petite que Bella avec de longs cheveux blonds. Ses yeux bleus me déshabillaient littéralement sans aucune honte face à son amie. Bella et moi pivotâmes vers elle.

« Jane, je te présente Edward Cullen. Edward, je te présente Jane et Angela. Nous sommes ensembles à l'Université, » expliqua-t-elle en me montrant ses amies.

« Enchanté. »

« Enchantée, » répondit la dénommée Angela.

« Edward Cullen ? Comme le cinéaste ? » questionna la blonde en se rapprochant.

« Oui, lui-même, » répliqua Bella, tout sourire.

« J'admire beaucoup ce que vous faites. »

« Merci Mademoiselle. »

« Oh non, appelez-moi Jane, » susurra-t-elle en posant sa main sur mon avant-bras.

Je fronçai les sourcils mais ne voulais pas paraitre désagréable en me dégageant et l'envoyant promener. Ce que je désirais c'était m'isoler avec Bella et lui parler. Je vis du coin de l'œil, Emmett se rapprocher de nous.

« Bonsoir Bella. »

« Emmett, je suis contente de te revoir. Les filles, je vous présente Emmett, le frère d'Edward. »

« Bonsoir, » répondirent-elles en même temps.

« Bella, tu nous avais caché que tu connaissais Edward, » demanda Jane.

« Oh, nous nous sommes rencontrés il y a quelques mois et c'est la première fois que nous avons l'occasion de nous revoir. »

« Cachotière. Tu aurais pu nous le dire, » critiqua Jane en se rapprochant encore de moi.

Je tentai de m'écarter un peu mais telle une sangsue, ses pas suivaient les miens. Je n'avais vraiment pas envie de passer du temps avec les amies de Bella, mais comment faire pour arriver à les séparer du groupe ? Mais c'est dans ces cas-là que je pouvais trouver une aide providentielle dans mon frère.

« Excuse-moi Edward mais tu dois me ramener, » intervint Emmett.

Je vis aussitôt le sourire de Bella quitter ses lèvres. Comment pouvait-elle croire que j'allais la laisser partir maintenant que je l'avais enfin trouvé ?

« Oui bien sûr. Mes demoiselles, veuillez nous excuser, » déclarai-je en inclinant légèrement la tête vers les deux amies. Bella, accepterais-tu de quitter un peu tes amies ? J'aimerais pouvoir te parler du colis que tu m'as déposé. »

« C'est que je suis…. »

« Je te ramènerai à ton hôtel après. »

Je la vis réfléchir et jeter un coup d'œil vers Angela qui lui fit un signe de tête.

« D'accord, » accepta-t-elle en rougissant.

« Alors, on y va. Mesdemoiselles, heureux de vous avoir rencontré, » salua Emmett avant de s'enfoncer dans la foule vers la sortie.

« Mais… » commença Jane.

« Désolée, les filles. Je vous retrouve à l'hôtel. »

« T'inquiète. On connait le chemin. Passe une bonne soirée, » déclara Angela.

Bella leur donna à chacune un baiser sur la joue avant de prendre la main que je lui tendais pour suivre mon frère.

« Bonsoir Jane, Angela. »

Nous nous frayâmes un chemin parmi la foule. Un rapide passage par le vestiaire pour récupérer le manteau de Bella et nous nous dirigeâmes vers la sortie. Arrivé devant l'entrée du Plazza, Emmett pivota vers nous, un grand sourire sur les lèvres.

« Bon et bien moi je vous laisse. Je vais rejoindre la Rose. »

« Mais, tu viens de dire qu'il fallait qu'Edward te ramène, » s'étonna Bella.

« C'était juste pour vous libérer de cette blonde un peu trop collante. Je pense que vous avez …des choses à vous dire avant que tu ne repartes Bella. »

Depuis quand mon frère était-il altruiste ?

« Merci, » fut la seule chose que je trouvai à lui dire.

« De rien mais j'aurais besoin de toi demain pour aller récupérer ma voiture chez les parents. Alors, bonne soirée ou…bonne nuit. »

Je le regardai s'éloigner avant de reporter mon attention sur Bella. Elle passait d'un pied à l'autre, signe d'une grande nervosité. Ce serait présomptueux de dire que je n'étais pas dans le même état. Des mois à espérer la revoir et là, je ne savais plus trop comment agir.

« Serais-tu d'accord d'aller boire un dernier verre avant que je te ramène ? » proposai-je.

« Oui, je veux bien. »

Je lui repris la main. Pas que j'avais peur de la perdre mais la sensation de la chaleur de sa main dans la mienne donnait un côté plus réel à la situation. Je connaissais un petit bar à quelques rues de là. Nous ne trainâmes pas en chemin car la température était très basse. Nous pénétrâmes dans le bar. Il était calme à cette heure tardive. Dès que nous fûmes installés, un serveur s'approcha de nous pour prendre notre commande. Nous nous regardâmes mais sans parler jusqu'au retour du serveur.

« Voici votre commande. »

« Merci, » répondis-je.

J'attendis qu'il s'éloigne avant d'entamer la conversation mais il ne bougea pas. Je relevai le regard pour constater qu'il matait Bella sans aucune gène. L'attitude de ce mec me dérangeait et je dus faire preuve de beaucoup de retenue pour ne pas être désagréable.

« Merci, » répétai-je plus fort.

Le mec me toisa. Son sourire s'effaça et le regard qu'il m'envoya était tout sauf cordial. Il fit demi-tour. Je soupirai avant de revenir vers Bella. Elle me fixait, un sourire sur le visage.

« Quoi ? »

« Tu verrais ta tête. »

« Qu'est ce qu'elle a ma tête ? »

« Le pauvre mec, si tes yeux avaient été des mitraillettes, il serait mort. »

« Mais non…enfin, je n'aimais pas la manière dont il te regardait. »

Elle se mit à rire. Ce son était une douce mélodie que j'avais envie d'entendre plus souvent. Mais pour cela, il y avait pas mal de chose à dire et à mettre au clair entre nous. Je ne voulais pas qu'elle prenne peur si j'allais trop vite mais d'un autre côté, le temps m'était compté. Emmett m'avait dit qu'elle reprenait l'avion demain matin.

« J'ai parcouru ta nouvelle, » commençai-je.

« Je ne pensais pas que tu la lirais si vite. Et…qu'en penses-tu ? »

« Emmett a tellement insisté que j'ai pas trop eu le choix. J'aime beaucoup ton style d'écriture. L'histoire est très bien construite. »

« C'est Emmett qui t'a dit qu'elle était de moi ? »

« Non, pas du tout. Je l'ai parcourue, appréciant le fond et la forme. C'est à la fin que j'ai compris que tu en étais l'auteur. »

« Pourquoi ? » chuchota-t-elle.

« La situation m'était familière et les derniers mots de ton personnage étaient exactement les mêmes…que je t'avais laissés. »

« Tu n'es pas fâché ? »

« Pourquoi le serais-je ? »

« J'ai utilisé notre rencontre comme thème de la nouvelle que j'ai présenté au concours. »

« Je ne suis absolument pas fâché. Au fait, as-tu gagné ? »

« Oh, non. Je ne suis même pas dans le peloton de tête mais le fait d'avoir été sélectionné et d'être ici est déjà exceptionnel. »

« Je ne connais pas les autres textes, mais tu méritais de gagner. »

« Tu n'es pas impartial. »

« Si je t'assure. C'était vraiment très bon. Peut-être que tu pourrais vraiment un jour écrire un scénario pour moi comme nous en avions parlé. »

Bella rougit et plongea le nez dans sa boisson pour se soustraire à mon regard. Je posai la main sur la sienne pour qu'elle me regarde. Il était temps d'aborder le sujet que nous évitions depuis notre arrivée.

« Bella ? »

« Oui ? »

« Je…tu…. » Je soupirai car je ne trouvais pas les mots adéquats pour commencer à discuter. « Regrettes-tu notre rencontre ? »

« Non ! je ne regrette absolument rien même si je devrais. »

« Pourquoi le devrais-tu ? »

« Tu étais fiancé d'après ce qu'Emmett m'a dit. Et je …A cause de moi, tu l'as trahie. Tout comme moi Jacob. Mais je ne regrette pas, » déclara-t-elle.

« Tu ne dois pas t'en vouloir. Entre Irina et moi, notre relation n'était pas celle d'un vrai couple amoureux. Oh, je l'aime énormément mais elle est ma meilleure amie. Mais toi, quand je t'ai vu ce soir là…. »

« Edward… » tenta-t-elle de m'arrêter en prenant ma main dans la sienne.

« Non laisse-moi aller jusqu'au bout. Ce soir-là, j'ai été heureux. Vraiment heureux avec toi. Mais lorsque je me suis réveillé le lendemain, je devais vraiment partir et surtout, je devais mettre mes idées au clair. Je suis revenu pour te voir la semaine suivante mais je suis tombé sur Jacob. Alors, j'ai compris qu'il était ton petit ami. »

« Il ne l'était plus. »

« Comment ? »

« Le lendemain, lorsque Jake est rentré, je lui ai dit qu'entre nous ce n'était plus possible. Que je l'aimais beaucoup mais comme un ami. Et lui aussi était arrivé à la même conclusion que moi car il venait de se rendre compte que Leah lui plaisait énormément. »

« Oh merde. Je me suis efforcé de t'oublier, de ne plus penser à toi suite à cette visite. C'est même pour cela que j'ai préféré ne pas assister à la fête lors de notre départ. Je voulais que tu poursuives ta vie malgré notre petit interlude. Mais moi, je n'ai pas su t'oublier. Chaque jour, tu occupais toutes mes pensées. Tu devenais une vraie obsession pour moi mais je devais tenir bon. »

« Moi aussi de mon côté, je ne pensais qu'à toi. »

« Nous avons été idiots. Je n'ai jamais voulu en parler à Emmett bien qu'il m'ait cuisiné à notre retour de la Push. »

« Moi j'en ai parlé à Jake et c'est lui qui m'a presque obligé de passer à ton bureau et de te déposer ma nouvelle. Et pour bien être certain que je fasse ce qu'il voulait, il a même pris la peine de téléphoner à Emmett pour qu'il surveille ma venue. »

« Heureusement que nous avons des personnes autour de nous qui veillent sur nous, » répliquai-je en souriant.

« Oui effectivement. Sinon, je ne sui s pas sûre qu'on serait ici maintenant. »

Je me levai sous le regard surpris de Bella. Je fis le tour de la table et pris place à ses côtés sur la banquette. Je lui pris la main et posai l'autre sur sa joue. Elle était douce et chaude à cause de la légère teinte colorée qu'elle avait.

« Bella. Maintenant que je t'ai retrouvée et que nous n'avons plus aucune attache, j'aimerais pouvoir te connaitre. Tu es trop dans mes pensées pour que je puisse envisager de te perdre à nouveau. »

« Edward, je… »

« Bella ? Accepte qu'on se voit, qu'on sorte ensembles, qu'on apprenne à se connaitre. S'il te plait ? »

« Moi aussi Edward je veux tout cela. Mais tu vis ici et moi à Seattle. Comment peut-on imaginer une relation ainsi ? »

« On trouvera des solutions. Et puis moi, je peux travailler partout. Et toi, tu finiras un jour tes études où alors tu peux changer d'Université. Mais ne disparais pas de ma vie. »

« Tout est trop rapide et trop imprévu pour moi. Et puis je repars demain et… »

« Je sais que les universités entament une semaine de congés. Passe-là avec moi ? »

« Pardon ? »

« Passe cette semaine avec moi, ici ? »

« Mais mon billet d'avion… »

« Bella, arrête de penser. Veux-tu oui ou non, passer cette semaine avec moi ? »

« Oui. »

« Alors, on pensera au côté pratique plus tard. D'accord ?»

« D'accord. »

« Et, » commençais-je avant de déglutir, ne trouvant pas exactement les mots que je voulais.

« Et ? »

« Et accepterais-tu de commencer cette semaine dès ce soir ? »

« Me proposerais-tu que je t'accompagne chez toi ? » demanda-t-elle en souriant.

« Oui c'est bien ma proposition. »

Bella regarda sa montre avant de reporter son regard sur moi.

« Vu l'heure, je pense que c'est préférable. Mais je vais quand même envoyer un SMS à Angela pour ne pas qu'elle s'inquiète. Et demain, je devrais passer à l'hôtel avant qu'elles ne partent pour l'aéroport. »

« Tout ce que tu veux, tant que tu ne me quittes pas. »

Dès que ces mots eurent quitté ma bouche, je posai mes lèvres sur les siennes délicatement. Elles étaient aussi douces que dans mon souvenir. Elles bougèrent à l'unisson, réapprenant à se connaitre. Je passai le bout de la langue sur sa lèvre inférieure pour demander l'accès à sa bouche. Elle les entrouvrit et nos langues s'enroulèrent ensembles. Très vite, nous nous séparâmes afin de reprendre notre souffle. Je posai le front sur le sien.

« Tu ne peux pas imaginer comme je suis heureux que tu sois là et surtout que tu restes. »

« J'ai une très bonne idée car je suis dans le même état. »

Je l'embrassai à nouveau avant de payer nos consommations et de l'emmener chez moi. Le trajet fut court jusqu'à mon appartement. Je stationnai ma Volvo dans le parking souterrain, sortis et fis le tour de la voiture pour lui ouvrir la porte. Je ne pus m'empêcher de la pousser contre la carrosserie et de reprendre possession de ses lèvres pour au moins la dixième fois depuis que nous avions quitté le bar. Bella gémit et ce son me rappela qu'il était plus que temps de monter sinon, je ne pourrais plus me retenir très longtemps.

« Viens, » insistai-je en la tirant à ma suite.

Elle resserra sa prise sur ma main. Nous montâmes dans l'ascenseur et je dus faire appel à toute ma retenue pour rester à ses côtés sans la toucher. Je comptai les étages qui me séparaient de chez moi. Dès que les portes s'ouvrirent, je cherchai mes clés au fond de ma poche et déverrouillai très rapidement la porte que je refermai aussi vite derrière nous. Bella pénétra dans l'appartement et jeta un coup d'œil autour d'elle. Je la vis s'avancer vers la baie vitrée et observer la vue. Au loin, on pouvait admirer en journée Central Park mais à cette heure, c'était juste une marée noire et silencieuse. Je m'approchai d'elle. Je pouvais voir ses yeux suivre mes mouvements grâce aux reflets dans la vitre. Lorsque je fus derrière elle, je l'enlaçai et posai mes mains sur son ventre, la rapprochant de moi. Je déposai la tête sur son épaule et nous restâmes ainsi quelques minutes. Je voulais juste profiter de ce bien-être retrouvé après tant de mois.

« Je suis si heureux que tu sois ici, » murmurai-je à son oreille avant de mordiller son lobe.

Je la sentis frémir à mon geste, ce qui m'enhardit. Je laissai mes lèvres se poser de son oreille à sa nuque me délectant des frissons qui la parcouraient ainsi que des petits soupirs qui les accompagnaient. Bella tendit la tête en arrière me donnant un meilleur accès à son cou. Mes mains commencèrent à caresser son ventre, ses flans et montèrent vers ses seins que j'empaumais doucement.

« Edw…ard ! » soupira-t-elle en voulant se retourner. Mais je l'en empêchai. Je repris mes caresses, pinçant ses tétons au travers du fin tissu. Encouragé par ses gémissements, je descendis mes mains et les remontai sous sa robe trouvant son antre secret. Un premier passage de la main me montra que son envie était bien égale à la mienne. J'écartai le slip qui recouvrait son intimité afin d'y passer un doigt sur toute la longueur. Bella réagit instantanément et pressa ses fesses contre mon érection qui devenait plus qu'inconfortable dans mon jeans. Je ne pus réprimer un grognement. Notre désir était à un tel niveau que les caresses de mes doigts l'amenaient proche de l'orgasme. Or, je voulais être en elle pour cette « première » fois, ici, ensembles sans plus aucune entrave à notre bonheur.

« Viens, » chuchotai-je en la prenant par la main pour nous emmener vers ma chambre. Nous nous arrêtâmes devant le lit, face à face. Je passai mes mains dans son dos et dézippai sa robe que je laissai tomber sur le sol. Elle était magnifique. Je dégrafai son soutien-gorge qui rejoignit sa robe. Je voulus poursuivre son effeuillage mais elle m'en empêcha et commença à me dévêtir aussi lentement que je venais de le faire. Elle s'attaqua en dernier à mon boxer, se mettant à genoux devant moi pour me le retirer. Elle n'allait quand même pas…..si. Je sentis ses lèvres se poser sur mon sexe qui frétilla tandis que je fermais les yeux pour profiter de ce plaisir. J'en avais tant rêvé. Elle lécha toute ma longueur avant de l'engloutir presque complètement. L'une de ses mains se posa sur ma queue et intima des va-et-vient lents pendant qu'elle me suçait, me léchait. Mes mains dans ses cheveux soyeux accompagnaient ses mouvements. Je sentais que je partais doucement vers le plaisir quand je me ressaisis et la retirai en la redressant. Elle posa un regard surpris sur moi.

« J'ai envie de toi, d'être en toi quand je jouirai. J'ai tant rêvé de ce moment, » déclarai-je avant de l'embrasser à pleine bouche et de nous faire tomber sur le lit. Je m'installai sur elle mais laissai accès à son intimité que je me mis à caresser. Mes doigts découvraient ses plis et j'introduisis un premier avant de rajouter un second. J'intimai des va-et-vient lents et profonds. Bella gémit de plus belle, ses mains accrochées à mes épaules. Sans retirer mes doigts, je me positionnai entre ses cuisses et me présentai à son entrée. Je ne sortis mes doigts qu'au dernier moment pour les remplacer par mon sexe impatient. Je pris sa tête entre mes mains, l'embrassai passionnément avant de pousser en elle et de reprendre des va-et-vient en elle. Je dégageai l'une de mes mains qui trouva rapidement le chemin de son petit bouton de plaisir. La boule de plaisir grossissait dans mon bas ventre et je sentis les parois de Bella se fermer autour de moi.

« Jouis pour moi ma belle, » susurrai-je entre deux baisers.

Mes mots eurent l'effet escompté et Bella cria mon nom en se laissant emporter pas son orgasme. Je la suivis de près me déversant en elle. Je me laissai tomber à ses côtés pour ne pas lui imposer mon poids mais l'emportai, la calant contre mon flanc. Nous mîmes plusieurs minutes à reprendre notre respiration.

« Ca va ? » demandai-je doucement en embrassant son front.

« Oui, plus que bien. »

« Je …je n'avais pas prévu de te sauter dessus dès notre arrivée ici, » me justifiai-je un peu mal à l'aise.

« Edward ! J'en mourrais d'envie comme toi. »

« Vrai ? »

« Oh oui. Pour être honnête, je pense que j'ai voulu te sauter dessus dès que je t'ai vu à la soirée. »

« Ca aurait fait mauvais genre, je pense, » plaisantai-je.

« Oui je suis d'accord. Et puis, imagine la tête de Jane ! »

« Je pense que tu vas avoir des explications à donner à tes amies demain. »

« Juste à Angela. Nous sommes colocataires toutes les deux et elle connait en gros notre histoire. Quant à Jane, elle est dans mon cours mais nous ne sommes pas vraiment amies. Donc je ne lui dois rien. »

« Tant mieux. J'ai encore un peu de mal à réaliser que tu sois là. »

« Moi aussi et pourtant, je suis bien ici. »

« Et tu vas y rester pendant une semaine. »

« Tu vas me séquestrer ? »

« Hum…ne me donne pas de si bonnes idées. »

« Je serai la prisonnière la plus docile qui soit. Je ne désire pas être ailleurs. »

« Bella ? »

« Oui ? »

J'hésitai à lui dire le fond de ma pensée et l'effrayer mais ça me rongeait. Je soupirai un bon coup pour me donner le courage nécessaire et je me lançai.

« Bella, je sais que c'est seulement notre seconde rencontre et qu'on ne connait rien l'un de l'autre mais… »

« Mais ? »

Je pouvais voir le doute, le questionnement et un peu de peur dans ses yeux.

« Mais je ne veux plus être loin de toi. J'ai l'impression que ça fait des mois que je te connais et que ma vie sans toi n'est rien. Je ne suis rien sans toi. Alors c'est rapide, peut-être même surprenant et je vais peut-être te faire peur mais….je t'aime. »

Je vis son regard briller et ses joues se teinter de rouge. Elle soupira mais je sentis du soulagement dans ce souffle.

« Edward. Oui tout cela me fait peur. On ne connait rien de l'autre mais moi aussi je t'aime. J'ai jamais pu t'oublier et au fond de moi, je savais qu'un jour, on se retrouverait. »

Le bonheur que je ressentis à ce moment-là dépassa tout ce que j'avais jamais vécu. Je l'enlaçai avant de l'embrasser. J'étais enfin heureux. J'avais enfin retrouvé la seule fille qui ait jamais pu me chambouler à ce point. La vie ne pouvait qu'être belle à partir de ce jour. J'allais y veiller et construire notre avenir ensemble.

J'entendis mon portable sonner. Un sourire se dessina sur mes lèvres.

« Tu ne réponds pas ? » demanda-t-elle d'une voix ensommeillée.

« Oh non. C'est certainement ma petite sœur qui se demande si je t'ai bien trouvé. »

« Comment me connait-elle ? »

« Elle était chez mes parents quand Emmett et moi sommes partis à ta recherche. »

« Oh, c'est juste ça. »

« Ma Bella ! Repose-toi car je t'assure que demain à la première heure elle sera là et fini notre tranquillité. »

« Tu exagères, » ajouta-t-elle en baillant.

« Dors ma belle. On s'inquiètera demain. »

Je déposai un baiser sur sa tête avant de fermer moi aussi les yeux. Demain ma sœur pourrait nous déranger. Demain. Mais maintenant, elle était tout à moi et je l'aimais. Et elle m'aimait. Rien d'autre n'avait d'importance.

mercredi 10 août 2011

Chapitre 4: New York


Chapitre 4 : New York
POV Emmett
J'avais passé une soirée géniale hier entouré des mecs de la réserve de la Push. Nous avions promis de revenir leur montrer le film lorsqu'il serait fini et c'est ce que nous avions fait, Edward et moi. Nous avions été accueillis comme des amis rentrant au pays. Le salon de Billy avait été transformé en salle de cinéma. La bière coulait à flot et la bonne humeur était au rendez-vous. Les réflexions et boutades résonnaient durant la diffusion du film. Pourtant l'un d'entre nous semblait indifférent à la fête.
J'avais observé à la dérobée mon frangin qui s'était renfrogné sans aucune raison. Ou du moins sans aucune raison que je connaisse. Pourtant, le trajet jusqu'à la réserve s'était passé dans la bonne humeur et la gaité. Si je repassais les évènements de la soirée dans ma tête, j'étais quasi certain que son attitude avait changé au début de la projection. Je l'avais vu s'enfoncer dans son siège, ne parlant que rarement. Durant toute la soirée, il était resté taciturne.
Nous étions à présent dans l'avion qui nous ramenait à New York et Edward restait toujours aussi silencieux. Je n'étais pas d'une nature particulièrement curieuse mais je devais admettre que son attitude m'intriguait.
« Pas mal la petite soirée d'hier ? » tentai-je de lancer la conversation.
« Hum, hum. »
Waw, ça va être sympa comme voyage !
« Ces Quileutes sont des types vraiment géniaux. »
« Ouais. »
« Bon, Edward. J'sais pas ce que tu as depuis hier mais t'es space, mec. »
« Désolé, Em. J'ai des tas de trucs en tête. »
« Oui, et tes trucs sont apparus subitement durant la soirée. Comme par enchantement. »
« Oui…non …enfin … »
« Vas-y. Raconte à ton grand frère, » le taquinai-je en frappant mon poing sur son épaule.
« Ca va. Je pense juste à … Irina et son retour prochain, » répondit-il.
Je jetai un regard en coin à Edward. J'avais la nette impression qu'il ne me disait pas la vérité. Mais le connaissant, j'aurais beau le questionner, jamais il ne me dirait ce qui le tracassait. Je devais le laisser prendre la décision de me parler, seul. Ne voulant pas retomber dans le silence, je sautai sur l'occasion de parler de cette chère Irina. Nous n'avions jamais été de grands amis, elle et moi, contrairement à mon frère. Nous la connaissions depuis l'enfance car nos parents se fréquentaient beaucoup. Irina et Edward avaient été inséparables tant durant l'enfance qu'à l'adolescence. Mais jamais je n'avais pensé qu'ils finiraient par sortir ensembles et encore moins à se fiancer. Ils avaient énormément de points communs c'est certain mais lorsque je les voyais ensembles, j'avais le sentiment que quelque chose m'échappait. Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre. Oh, j'avais bien tenté d'en parler avec mon frère mais il m'avait gentiment envoyé promener.
« Quand revient-elle de vacances ? » demandai-je.
« Elle est partie pour trois semaines. »
« Et tu vas la rejoindre, je suppose ? »
« Non, j'ai pas mal de projet pour le moment, » répondit-il avec une pointe de déception.
« Bien, on va pouvoir s'amuser un peu alors. »
« J'ai pas trop la tête à ça pour le moment. »
Okay !
« Veux-tu m'expliquer ce que tu as à la fin ? Tu es taciturne depuis hier. Tu as à peine desserré la mâchoire. Dis-moi ce qui t'arrive. » Insistai-je en le fixant. Edward grimaça avant d'ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt.
« Désolé Em. Je sais que je ne suis pas très gai pour le moment mais …. » commença-t-il avant de soupirer.
« Mais ? »
« Mais j'ai des petits soucis. »
« Ouais ! Et tu ne veux pas m'en parler ? »
« Si mais je veux pas t'embêter, » répondit-il. Il espérait certainement que je laisserais tomber mais il avait titillé ma curiosité.
« Tu ne m'embêtes jamais, petit frère. Vas-y. Dis-moi ce qui te perturbe tant.»
Je regardais mon frère qui ferma les yeux une fraction de seconde avant de pivoter légèrement sur son siège et de fixer son regard dans le mien. Je lui souris pour l'inciter à poursuivre.
« Il y a quelques mois, j'ai rencontré une fille. … »
« Mignonne ? »
« Emmett ! »
« Ok, ok, je me tais, » m'excusai-je.
« Donc, j'ai rencontré une fille et oui elle était très mignonne. J'ai passé la soirée et la nuit avec elle. »
« Et bien mon cochon ! Toi qui me fais toujours la morale en me disant que j'étais un chaud lapin ! Et après ? »
« Après ? Je me suis éclipsé le matin. »
« Non ! T'es pas parti comme un voleur quand même ? »
« Si. Je devais rentrer pour voir les parents, les producteurs et Irina. Alors je suis parti. »
« Oui mais quand même, te tailler ainsi sans un mot, c'est …c'est moche. »
« Je sais, » soupira-t-il, le regard triste.
Triste ?
« Et évidemment, tu n'as pas revu cette nana ? »
« Evidemment ! Tu oublies que je suis fiancé, » s'outragea-t-il.
« Non, moi je n'oublie pas. Mais toi, tu l'as oublié quelques heures ! »
« Si j'avais su que tu me ferais des reproches, je ne t'aurais rien dit, » rouspéta-t-il en se détournant de moi.
« Loin de moi l'idée de te faire des reproches mais c'est tellement …pas toi. Pas que j'approuve particulièrement tes fiançailles avec Irina mais tu es toujours si respectueux et droit que je suis…sur le cul. »
« Je sais, » répéta-t-il.
« Bien si tu le sais, c'est un bon point. Mais …et la fille ? » Insistai-je, curieux.
« Quoi la fille ? Je ne l'ai jamais revue. »
« Et tu le regrettes. »
« Non. Non…Enfin…*soupire*…si un peu. »
« Ah oui ! Juste un peu ? Alors t'attends quoi ? »
« C'est pas si simple que ça, Emmett. »
« Moi je trouve que si. Tu rencontres enfin une fille qui te plait vraiment et que tu n'oublies pas. Alors fonce, va la voir. »
« Et Irina, tu en fais quoi ? »
« Oh Irina. Elle est et l'a toujours été, plus ton amie que ta petite amie. Ouvre les yeux, Edward. »
« Je sais pas, Em. »
« Edward, tu… »
« Non, c'est tout. On ne chamboule pas toute sa vie ainsi pour une fille qu'on ne connait pas, » s'énerva-t-il.
« Ok. Ok J'insiste pas, » répliquai-je en levant les mains devant moi en signe de reddition. L'expérience m'avait appris qu'il était inutile de trop pousser Edward. Il s'enfonça dans son siège et ferma les yeux, signe que la discussion était close. Je m'installai confortablement pour terminer notre vol mais les révélations de mon frère me trottaient dans la tête.
Résumons la situation. Mon frère rencontre une fille, il y a quelques mois. Donc quand nous étions en tournage. Mais je ne l'ai pratiquement jamais quitté. Il est rentré une seule fois. Il a dû la rencontrer à l'aéroport.
C'est plausible. Mais pourquoi a-t-il changé d'attitude durant la soirée ? Le voyage en avion ou en voiture jusqu'à la réserve s'était très bien passé et il était jovial, gai et très heureux d'être là-bas. Qu'est-ce qu'il s'était passé pour qu'il se ferme ?
Nous riions tous en buvant des bières. On s'était installé devant l'écran. On plaisantait, Edward avec nous. Puis, je le vis se renfermer et ne plus parler. Il était comme perdu dans ses pensées. Il a changé après le coup de téléphone de Jacob à …Bella !
C'est impossible. Comment l'aurait-il rencontré ? Il était absent lors de la fête. Jamais elle n'avait rendu visite à Jake sur le tournage. Les bribes de conversation de hier me revinrent en mémoire.
« La camionnette de Bella est tombée en panne. Elle a dû rebrousser chemin. Elle regrette de ne pas pouvoir vous voir, » avait annoncé Jake en raccrochant.
« C'est moche, je me réjouissais de la revoir, » avais-je déclaré.
« Tu la connais ? »
« Ouais. J'ai eu l'occasion de discuter longuement avec elle le soir de la fête de clôture. Tu ne sais pas ce que tu as raté. Vous avez pas mal de goûts en commun. »
« Je n'en doute pas, » avait-il marmonné entre ses dents.
Je l'avais entendu sans y prêter attention. Maintenant tout prenait un sens. Je hochai la tête pour moi-même car j'avais la quasi-certitude que la mystérieuse fille que mon frère avait rencontrée et Bella ne faisaient qu'une seule et même personne.
POV Bella
Trois mois plus tard.
New York ! Quelle magnifique ville. J'en avais rêvé des centaines de fois et j'y étais enfin. J'avais travaillé dur pour avoir cette chance d'être ici.
Nous étions arrivés la veille, Angela, Jane et moi pour assister à un séminaire de littérature qui avait lieu ce week-end. Nous avions, toutes les trois, participé à un concours organisé à la l'Université de Seattle pour notre cours de littérature contemporaine. Les gagnants de ce concours se voyaient offrir le voyage à New York mais également l'opportunité de rencontrer des auteurs célèbres et des éditeurs susceptibles de publier notre nouvelle.
Mon rêve étant d'écrire un roman et surtout d'être édité, j'avais sauté sur l'occasion. Participer à ce concours était une opportunité que je ne pouvais laisser passer. Nous avions eu un mois pour rédiger une nouvelle de cinquante pages sur un sujet au choix. Le thème était très libre et mon imagination très fertile même si je devais reconnaitre que je m'étais légèrement inspiré de certains évènements de ma vie.
Nous étions quarante-sept à avoir participés. Lors de la proclamation des résultats, j'étais stressée et surtout très étonnée d'être arrivée dans le trio gagnant. Quelques jours plus tard, nous avions embarqué de nuit à Sea Tac, direction New York. Le trajet se fit dans la bonne humeur et l'excitation. Tout était très bien organisé. Nous avions été pris en charge lors de notre arrivée par une équipe du NY Tribune, sponsor du concours. Nous étions logés dans un bel hôtel à deux rues de Central Park.
Je m'étais promis de prendre le temps d'aller m'y promener avant de repartir ainsi que de visiter le Metropolitan Museum of Art .
Le séminaire se déroulait sur deux jours. Ce serait durant la réception du second jour, que serait annoncé le grand vainqueur du concours. Car si j'étais dans le trio sélectionné par l'université de Seattle, nous n'étions pas les seules. Des étudiants en littérature des quatre coins des Etats-Unis ayant participé au même concours que nous, étaient présents. La meilleure nouvelle se verrait proposé d'être éditée. Le rêve de chacun d'entre-nous.
Les premières conférences avaient eu lieu hier soir et nous étions rentrées exténuées à l'hôtel mais comblées. Les exposés étaient très intéressants et durant la pause, nous avions pu discuter avec des journalistes et des auteurs de nouvelles paraissant dans des revues locales.
Nous nous étions levés tôt ce matin afin de prendre un petit déjeuner copieux avant de prendre le chemin de l'hôtel Plaza Athenee dont les salles de réception avaient été aménagées pour l'occasion en salle de conférence. Dès notre arrivée, nous avions été comme la veille pris en charge par l'une des attachées de presse du NY Tribune. Elle nous conduisit jusqu'aux places qui nous avaient été réservés et nous expliqua le déroulement de la journée. La matinée fut consacrée à la présentation des différentes maisons d'éditions sponsorisant le séminaire ainsi que les derniers bouquins qui paraitraient sous leur blason d'ici quelques semaines.
Un délicieux repas nous fut servi au « Bar Seine lounge » ainsi qu'aux différents participants. Le luxe environnant nous mettait Angela et moi, légèrement mal à l'aise. Nous n'étions pas habituées à temps de faste. Mais Jane, quant à elle, semblait totalement dans son élément. Il est vrai qu'elle ne venait pas du même niveau social que nous mais malgré son côté « petite fille riche », elle était vraiment sympa et ne se donnait pas un genre de pimbêche.
L'après-midi se révéla aussi passionnant que la matinée avec des allocutions de différents auteurs contemporains reconnus. J'aurais pu les écouter parler durant des heures, tant les entendre parler avec émotion et ardeur de leur passion était fascinante. Aux alentours de seize heures, Jane et Angela décidèrent d'aller faire du shoping en attendant de rentrer se préparer pour la réception. N'étant pas fan des magasins, je déclinai l'invitation. De toute manière, j'avais promis que je profiterais de ce voyage pour effectuer une visite. Mais maintenant que j'étais face à ma promesse, j'hésitais, un nœud en travers de la gorge.
FLASHBACK
Mon départ était programmé pour la semaine suivante et j'avais tenu à venir passer quelques jours avec Jacob avant mon départ. Mes cours me prenaient tellement de temps que je l'avais un peu délaissé ces dernières semaines. Je ne me tracassais pas car il était entre de bonnes mains avec Leah mais mon meilleur ami me manquait.
J'étais donc au chalet depuis deux jours. J'avais préparé des lasagnes pour le dîner sachant que c'était l'un de ses plats favoris et je l'attendais devant le feu de bois, bien au chaud. Il faut dire, que nous étions à la fin de l'hiver et qu'il avait été rude cette année. De plus, j'étais d'une nature frileuse.
Le bruit pétaradant du moteur de la vieille Golf de Jacob me sortit de ma lecture. Je me levai et me dirigeai vers la porte pour l'accueillir. Lorsque je l'ouvris, je fus surprise de découvrir deux gaillards basanés à ses côtés. Jared et Sam l'accompagnaient. Heureusement que j'avais préparé des pâtes pour un régiment car ces deux-là mangeaient comme des ogres.
« Coucou ma Bella, » me salua Jacob en me soulevant de terre.
« Pose-moi par terre, Jacob. Combien de fois devrais-je te le dire ? » rouspétai-je en souriant.
« Encore pas mal de fois. »
« Salut, Bella. »
« Bonsoir vous deux. Comment allez-vous ? »
« Bien. Jacob nous a invités pour manger, t'es pas fâchée ? » demanda Jared en passant devant moi et s'affalant dans le divan.
« Non, pas de problème. Il y a plus qu'assez. Et où est Leah ? »
« Elle est retenue au village chez sa mère. Je doute qu'elle rentre très tôt. »
« Ok, je vous serre à boire avant de finir de préparer le repas ? » Questionnai-je en me dirigeant vers la cuisine.
« Une bière pour moi, » répondit Sam.
« Moi aussi, » cria Jared.
« Bon les mecs. On vous apporte la première mais c'est pas parce que Bella est ici qu'on va vous servir comme des princes. Vous avez soif, vous levez vos fesses pour aller jusqu'au frigo. C'est compris ? »
« Oui chef, » s'écrièrent-ils tous les deux en imitant un garde à vous.
J'éclatai de rire avant de m'enfuir dans la cuisine. Je sortis des cannettes que Jake leur apporta avant de m'affairer aux fourneaux. Quelques minutes plus tard, je les rejoignis après avoir dressé la table. Ils me racontèrent leur journée qui d'après leurs dires, n'avait pas été de tout repos. Les anecdotes et les blagues fusaient. Je me sentais toujours bien lorsque je séjournais ici. J'étais chez moi. Il ne resta rien des lasagnes qu'ils dévorèrent avec bon appétit. Les garçons m'aidèrent pour la vaisselle afin que je puisse m'installer avec eux et regarder la télévision.
Ce soir-là, on retransmettait la cérémonie des Oscars. Ils ne voulaient pas la rater car le court-métrage réalisé sur la réserve de la Push, leur réserve, était en lice. Je pris place dans le divan, confortablement installée entre Jacob et Jared. Sam préféra s'assoir dans le vieux fauteuil sur notre droite.
Chaque nomination et prix furent discutés et disséqués par mes compagnons. Ils donnèrent leur avis sur chaque film, acteur, actrice. Personne ne fut épargné. Une heure après le début de la cérémonie, le présentateur annonça que le prix qui allait être décerné était celui qui récompenserait le meilleur réalisateur de court-métrage américain. Je sentis mon cœur s'emballer. Je tentai de me calmer et de ne pas trop attirer l'attention des autres. Je triturais mes mains nerveusement en entendant les quatre nominés.
« Les voilà, » s'écria Jared en voyant le visage d'Edward apparaitre à l'écran lorsqu'on cita son nom.
On distinguait la tête d'Emmett à ses côtés. C'était la première fois que je le revoyais depuis notre nuit. Et malgré le fait que c'était au travers d'un écran, j'étais très fébrile. J'inspirais profondément pour me calmer.
« Il va gagner, c'est le meilleur, » déclara Sam.
« Ouais, je suis bien d'accord avec toi, » ajouta Jacob.
Les garçons s'étaient avancés sur leur siège comme pour être plus près de lui et le soutenir. Pour décerner le prix, deux acteurs, Aston Kuchner et Robert Pattinson, se présentèrent sur scène, une grande enveloppe à la main. Ils échangèrent quelques mots que je n'entendis même pas. L'enveloppe fut ouverte et un sourire apparut sur le visage d'Ashton Kuchner qui leva les yeux vers le vainqueur.
« Et le gagnant est …. Est…Edward Cullen pour son film : La Push, un monde à part, » annonça l'acteur en faisant un signe vers les deux frères.
Les garçons se levèrent en poussant des cris de joie. Quant à moi, j'avais le regard rivé sur l'écran et sur le visage d'Edward qui arborait un magnifique sourire. Il était heureux. Il se leva et se retrouva dans les bras musclés d'Emmett. Je le vis ensuite se pencher, caresser la joue d'une superbe blonde avant de poser ses lèvres sur les siennes. Ils se souriaient tandis que moi je sentais mon cœur se fissurer. Une douleur aigue se logea dans ma poitrine et mes yeux s'embuèrent. Je vis dans un brouillard Edward et Emmett monter sur scène et recevoir la statuette d'or. Le reste devint flou et je me levai pour fuir vers la cuisine avant qu'un des garçons ne remarque quelque chose.
Je m'appuyai sur le plan de travail face à la fenêtre et tentai d'empêcher les larmes de couler. Mais pourquoi réagissais-je ainsi ? Il avait sa vie. Il ne m'avait jamais rien promis, au contraire. Pourquoi le voir avec cette blonde me faisait-il tant souffrir ?
Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas des pas s'approcher. Deux bras puissants m'enveloppèrent, m'attirant contre un torse chaud et protecteur. Je déglutis et inspirai profondément tentant de ravaler ma peine.
« Qui a-t-il Bella ? »
« Rien, pourquoi demandes-tu ça ? » Répondis-je en essuyant l'évier qui n'en avait pas besoin.
« Parce que tu es nerveuse depuis le début du programme télé. Parce que tu as retenu sans raison ta respiration lors de la proclamation. Ok tu attendais comme nous de savoir mais c'est excessif à mon sens. Parce que, bien que tu attendais les résultats, tu n'as pas sauté de joie comme nous. Parce que tu t'es enfuie les larmes aux yeux. »
« Mais non. Tu dis n'importe quoi. »
« Ah oui ! Alors tourne-toi et regarde-moi. Dis-moi dans les yeux que je me trompe, » insista-t-il.
« Jacob, je vais bien. Je range juste peu, » expliquai-je sans bouger. Mais c'était mal connaitre Jake. Il posa ses mains sur mes épaules et me fit pivoter afin que je le regarde. Je baissai les yeux instantanément ne voulant pas qu'il lise en moi trop facilement. Il posa un doigt sous mon menton, le releva.
« Vas-y. Dis-moi que tu vas bien. »
« Je …je vais …bien, » répondis-je, la voix légèrement chevrotante. J'étais pathétique.
« Viens-là, ma Bella, » murmura-t-il en reculant pour s'assoir sur la chaise derrière lui. Il me prit sur ses genoux et instinctivement, comme lorsque nous étions ensembles, je me blottis contre lui. Par ce geste, je cherchais la sécurité et le réconfort. C'est à ce moment-là que les larmes choisirent de se déverser à flot. J'étais secouée de sanglots tandis que Jake me caressait le dos. Lorsque les larmes se tarirent, je me redressai et fixai mon regard dans celui de mon ami. Je lui devais la vérité.
« Tu as raison. C'est pas la grande forme. »
« C'est le moins qu'on puisse dire. Qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Je suis contente pour Edward. »
« Heureusement. Comment serais-tu si tu ne l'étais pas, »plaisanta-t-il.
« Très drôle ! »
« Maintenant, vas-tu m'expliquer comment tu connais Edward car d'après mes souvenirs, tu ne l'as jamais rencontré. »
Subitement, mes mains devinrent moites, ma respiration s'accéléra. Je devais lui expliquer mais cela signifiait lui avouer ma trahison. Comment allait-il réagir ? Allait-il m'en vouloir ? Me jeter à la porte ?
« Bella ? »
« C'était pendant le tournage. Un soir d'orage, il s'est perdu et je lui ai permis de rester ici le temps que ça se calme. »
« C'était quand ? »
« Juste avant que je ne parte pour la fac. Il a …passé la nuit ici. Il était gentil, doux….et…Je suis désolé Jake. »
« Pourquoi ? »
« Je…j'ai couché avec lui cette nuit-là. »
« Oh ! »
« Oui. Je voudrais te dire que je regrette, que ça n'avait pas d'importance mais … je ne peux pas. Le lendemain matin, il avait disparu. Tu es rentré quelques heures plus tard et nous avons eu la discussion mettant fin à notre couple. Je suis désolée, » répétai-je.
« Ne t'en veux pas, Bells. Ce jour-là, nous étions deux à vouloir arrêter. Je m'étais rendu compte que Leah me plaisait beaucoup. Je t'aime Bella et ce depuis des années mais comme la meilleure amie que tu es. Alors, surtout ne t'en veux pas. »
« Merci Jacob, » répondis-je en passant mes bras autour de son cou et embrassant sa joue.
« De rien. Bon et vous vous êtes revus ? »
« Non, jamais. »
Je regardai Jacob qui souriait. Ne comprenant pas pourquoi, je levai les sourcils.
« Qu'y a-t-il ? »
« Maintenant, je comprends ce qu'il faisait ici le dernier jour du tournage. »
« Il est venu ? »
« Oui. Il m'a raconté qu'il voulait un endroit pour un film. Mais en y repensant, il n'arrêtait pas de regarder autour de lui et m'a même demandé si je vivais seul. L'enfoiré. En réalité, il venait te voir. »
« Mais non, tu te trompes. »
« Non, je ne me trompe pas. En plus, le jour du visionnage du film, il était bizarre. Très renfermé, taciturne. Et il a changé quand je t'ai téléphoné. »
« Tu te fais des idées Jake. Il ne doit plus penser à moi depuis longtemps, » répondis-je rapidement.
Mais l'espoir s'insinuait lentement en moi. Se pourrait-il qu'il ait pensé à moi autant que j'ai pensé à lui ?
«J'en doute. La dernière fois que j'ai eu Emmett en ligne, il m'a demandé de tes nouvelles. »
« Ca ne prouve rien. Et puis, tu l'as vu. Il est avec une superbe blonde. »
« Ouais, peut-être. Mais dans ce genre de réception, c'est peut-être à la mode d'avoir une fille à son bras. Que comptes-tu faire ? »
« Moi ? Mais rien voyons. »
« Bells, tu viens de m'avouer que tu ne regrettais absolument pas cette nuit et que tu y pensais encore. »
« Oui et alors ? »
« Alors, ma belle. Tu vas à New York dans quelques jours, tu vas aller le voir. Tu verras s'il te fait toujours le même effet et surtout comment il réagit. »
« Tu es fou. Tu me vois, débarquant dans son bureau. Salut Edward. Je viens voir si tu veux de moi ? »
Jacob éclata de rire à ma démonstration.
« Je ne vois pas les choses vraiment ainsi mais oui, tu vas aller le voir. »
« Non, je ne peux pas. Et puis je ne sais pas où est son bureau. »
« Pas de problème. Emmett m'a justement donné l'adresse récemment. Et il m'a même demandé de tes nouvelles. C'est peut-être un signe. »
« Un signe ! Je ne saurais pas, » répliquai-je en secouant la tête.
Je me levai et m'apprêtai à rejoindre les autres quand Jacob attrapa mon poignet. Il m'obligea à le regarder avant de poursuivre.
« Bella. Tu vas bientôt à New York. Tu vas aller le voir. Si vous devez vous revoir, les choses se feront naturellement. Peut-être que lorsque tu seras face à lui, tu te rendras compte que tu l'idéalisais. Promets-moi que tu iras ? »
« Ok, je te le promets, » acquiesçai-je en soupirant.
Fin du FLASHBACK
C'est ainsi que je me retrouvais aujourd'hui devant l'immeuble, me demandant si je devais où non monter. Je pourrais toujours inventer une excuse pour Jacob. Mais ne regretterais-je pas de ne pas avoir eu le courage d'y aller ? Combien de temps me faudrait-il pour l'oublier complètement ? Jacob avait peut-être raison. Quand je le verrais, je me rendrais compte qu'il n'était pas si intéressant que ça. Mes réflexions me donnèrent le courage de monter dans l'ascenseur et de pousser sur le bouton indiquant le dixième étage.
Un « ding » retentit m'annonçant que j'étais arrivée au bon étage. Les portes s'ouvrirent me permettant de sortir de l'ascenseur. Je me trouvais dans un hall lumineux avec face à moi un comptoir. Je m'en approchai et dus m'éclaircir la voix pour oser demander mon chemin à la jolie brune qui releva la tête et me sourit.
« Bonjour, que puis-je pour vous ? »
« Bonjour. Excusez-moi de vous déranger…mais je cherche le bureau de Monsieur Cullen. Edward Cullen. »
« Avez-vous rendez-vous ? »
« Non ! Je n'ai pas pensé à le faire. Je ne suis que de passage, » expliquai-je.
« Je doute qu'il soit là mais allez demander à sa secrétaire. Prenez le couloir et au bout vous arriverez au bureau de Monsieur Cullen, » répondit-elle aimablement.
« Merci. »
Je prix donc le chemin qu'elle m'avait indiqué, sentant mon stress augmenter à chaque pas. Je passai devant plusieurs portes et bureaux avant de me trouver dans une vaste pièce contenant un bureau avec, assise derrière, une superbe blonde pouvant rivaliser avec celle que j'avais vu quelques jours plus tôt à la télévision. Elle ne daigna même pas lever les yeux en m'entendant arriver.
« Pardon ? »
Toujours concentrée sur son écran, elle ne répondit pas. Je déglutis pour me donner de l'assurance.
« Pardon ? » Répétai-je plus fort.
« Oui ? »
La secrétaire, qui d'après le porte nom posé sur son bureau, se nommait Lauren Mallory, me toisa avant de parler. Elle grimaça avant d'afficher un sourire faux sur ses lèvres.
« Vous désirez ? »
« J'aurais aimé rencontrer Monsieur Cullen. »
« Vous avez rendez-vous ? »
« Non, je suis de passage et je… »
« Je suis désolée mais Monsieur Cullen est absent et ne reçoit pas sans rendez-vous, » me coupa-t-elle avant de se replonger dans sa lecture.
« Quand rentre-t-il ? » demandai-je.
« Il ne me l'a pas dit. Mais son emploi du temps est très chargé, Mademoiselle, » répliqua-t-elle en soupirant.
Elle me montrait clairement que je la dérangeais et que je ne devais pas compter sur elle pour qu'elle m'aide à rencontrer Edward. Mais maintenant que j'étais là, autant tout tenter.
« Bien. Pourriez-vous lui transmettre ces documents ? C'est assez important et urgent. »
« Mais bien sûr, » répondit-elle.
« Merci. »
Je pivotai pour reprendre le chemin de l'ascenseur, ne voulant pas passer plus de temps avec cette pimbêche. La standardiste me sourit lorsque je passai devant elle. Les portes s'ouvrirent au rez-de-chaussée et dans mon élan pour quitter le plus rapidement possible cet immeuble, je percutai de plein fouet un mur de muscle.
« Doucement, Mademoiselle, vous allez vous faire mal, » déclara le colosse.
Levant les yeux au son d'une voix familière, je me retrouvai face à Emmett, tout sourire.
« Bella ! »
« Bonjour Emmett. »
« Mais que fais-tu ici ? » demanda-t-il en prenant mon bras pour nous écarter de l'ascenseur.
« J'assiste à un séminaire de littérature. »
« Oui, Jacob me l'a dit. »
« Tu as parlé à Jacob ? » m'étonnai-je en levant les sourcils.
« On se parle souvent. C'est un type bien. »
« Oui, je sais. »
« Et donc tu es à New York pour quelques jours ? »
« Je repars demain fin de journée. »
« Déjà ? Je t'invite à diner ce soir, d'accord ? »
« C'est gentil Emmett mais j'ai une réception ce soir au Plazza-Athénée. On doit proclamer les résultats d'un concours auquel j'ai participé. »
« Zut alors. Mais tu ne m'as pas répondu. Que fais-tu ici ? »
«Ici ? »
« Oui ici. Il n'y a que des bureaux dans ce bâtiment, » répondit-il.
Je vis un sourire sur son visage qui une fraction de seconde me rappela celui de son frère. Perdue dans ma contemplation, il insista.
« Pourquoi es-tu dans cet immeuble, Bella ? »
« Oh. Je …j'étais venue…pour voir ton frère, » bégayai-je en rougissant.
« Et tu l'as vu ? » s'exclama-il comme si je lui annonçais un évènement important.
« Non, il est absent. J'ai laissé une nouvelle que j'ai écrite pour avoir son avis. C'est Jake…qui me l'a conseillé, » me justifiai-je.
« Bien. Je veillerai à ce qu'il l'ait très rapidement. As-tu le temps d'aller boire un verre ? »
« Désolée Emmett, mais mes amies doivent m'attendre, » m'excusai-je.
Le regard d'Emmett sur moi, me montrait qu'il savait quelque chose. Jacob lui aurait-il tout raconté ? Où était-ce Edward qui lui en avait parlé ? Comme toujours quand je me sentais mal à l'aise, je pris la fuite. Je saluai Emmett et m'enfuie presque en courant retrouver mes amies.
POV Emmett
Je regardai Bella fuir. Oui elle s'enfuyait réellement. Depuis notre retour de Forks, je n'avais pu obtenir aucune réponse de mon frère. J'étais certain d'avoir vu juste. Durant des semaines, j'avais tenté de lui tirer les vers du nez mais il était resté muet sur le nom de sa mystérieuse inconnue. Plus le temps passait et plus je trouvais que tout se recoupait parfaitement pour désigner Bella. Je n'en eus la confirmation que deux jours plus tôt, lorsque Jacob me téléphona. Sur le moment, je fus surpris de son appel mais très vite la conversation dévia sur son amie. Il confirma mes doutes en me racontant que Bella venait de tout lui avouer et il essayait de connaitre les sentiments d'Edward à son sujet. Malheureusement, je ne pus lui donner aucuns détails puisque mon frère restait muet comme une carpe. Il m'annonça que Bella venait à New York et qu'elle lui avait promis de venir voir Edward. Je n'avais donc été qu'à moitié surpris de la voir dans le hall d'entrée.
Bella était bien venue mais la rencontre n'avait pas eu lieu. Comme Bella repartait le lendemain et que mon frère avait quitté le bureau jusqu'à lundi, il y avait peu de chance pour que le destin les mette en contact. Il n'y avait donc qu'une seule solution. Aider un peu ce maudit destin qui n'était décidément pas de leur côté.
Je déboulai dans le bureau de Lauren, la secrétaire de mon frère. Comme toujours elle faisait celle qui était super débordée alors qu'en réalité, elle se tournait royalement les pouces. J'avais du mal à comprendre pourquoi mon frère la gardait. Ses seules occupations étaient de mater Edward et de tenter, sans aucun résultat ni discrétion, de le mettre dans son lit. Parfois, je comprenais qu'il soit resté avec Irina si longtemps. C'était une sécurité.
« Salut, Lauren, » l'apostrophai-je, la surprenant.
« Bonjour, Emmett. Votre Frère est absent, » informa-t-elle avec un dédain prononcé dans la voix.
« Oui je sais. Je viens chercher les documents que Mademoiselle Swan a déposés pour lui. »
« Mademoiselle Swan ? Ca ne me dit rien. Je n'ai pas de documents pour votre frère. »
Son air condescendant commençait à me taper sur les nerfs. J'inspirai profondément pour garder mon calme avant d'insister.
« Une jeune dame vient bien de venir apporter des documents ? »
« Heu… Je lui ai dit que Monsieur Cullen était absent… »
« Ce n'est pas ce que je vous demande. Je veux ces papiers ! »
Lauren avait viré cramoisie et elle semblait proche du malaise. Absolument indifférent à son air, je tendis la main vers elle exigeant la nouvelle de Bella. Lauren recula son fauteuil, se pencha et ramassa une grande enveloppe brune dans sa …. Corbeille à papier. Je sentis une bouffée de fureur monter en moi.
« Comment osez-vous jeter des documents destinés à mon frère sans son aval. »
« Cette personne n'avait pas de rendez-vous.. »
« CA SUFFIT ! Je me moque de vos excuses à deux balles. Donnez-moi cette enveloppe. Je vois Edward ce soir et croyez-moi je doute qu'il tolère votre attitude plus longtemps,» m'énervai-je en faisant demi-tour, m'éloignant de cette femme avant de péter les plombs.
J'avais intérêt à me calmer avant ce soir. Ma mère chez qui je devais diner en famille, ne tolérerait pas que je m'énerve chez elle. Une seule solution, rendre visite à ma nouvelle conquête. Une magnifique Blonde rencontrée quelques jours plus tôt en boite et qui me faisait littéralement craquer. Pour la première fois de ma vie, je me voyais bien rester avec elle et envisager une relation plus stable.
La simple idée de voir Rosalie me dérida. C'est le sourire aux lèvres que je montai dans ma voiture en imaginant la tête de mon frère. Je me réjouissais vraiment d'être ce soir.