Découvrez la playlist Le monde d'Eliloulou avec Various Artists

jeudi 9 juin 2011

Chapitre 3 : Au fil du temps

POV Bella

Ma vie à la fac et sur le campus me plaisait énormément. Je m'y sentais chez moi, dans mon élément. J'avais repris les cours depuis plus de trois mois et j'adorais les cours de littérature tant anglophone que française. Moi, la fan de lecture, j'avais vraiment choisi la bonne direction.

J'avais loué une chambre sur le campus et pour une fois, la chance était avec moi. Je la partageais avec une fille se prénommant Angela Weber. Elle provenait de Portland et avait décidé de suivre ses études à Seattle car le programme de littérature était plus complet que dans sa ville. C'était une fille comme moi douce, gentille assez timide mais mordue de bouquins. A nous deux, la chambre ressemblait plus à une bibliothèque qu'à une chambre d'étudiantes. Nous avions tous nos cours en commun. Au fil des semaines, nous étions donc devenues inséparables au point que nous retournions rarement dans nos familles. Au point que Jacob m'avait sermonnée hier soir me reprochant mon absence. Nous avions discuté près d'une heure au bout de laquelle j'avais promis de rentrer aujourd'hui.

Et c'est donc pour cette raison que j'étais en route pour Forks afin de passer le week-end avec mon meilleur ami et sa nouvelle copine, Leah. Leur relation avait muri progressivement après notre conversation à Jacob et moi. Je l'avais vécue par procuration lors de nos échanges téléphoniques. Il me racontait tout dans les moindres détails. Loin de me peiner, j'étais très heureuse pour lui. Jacob semblait vraiment amoureux de la seule fille qu'il n'avait jamais remarquée alors qu'elle vivait à deux pas de chez lui. Aussi loin que je me souvienne, Leah et lui ne s'étaient jamais entendus. Ils se chamaillaient constamment à propos de tout et de rien. Leurs pères étaient amis et ils étaient donc amenés à se voir souvent. Je me rappelle que Leah lui avait fréquemment reproché d'être ami avec moi et de préférer une fille comme moi, de la ville, plutôt qu'une de leur tribu. A 17 ans, elle avait quitté la réserve pour poursuivre ses études d'infirmière à Seattle et elle n'était revenue que peu de temps avant le début du tournage.

Evidemment, le simple mot tournage me renvoyait instantanément à mes derniers jours de vacances et surtout fit apparaitre l'image d'Edward devant mes yeux. Des frissons parcoururent mon échine en me remémorant la chaleur de ses mains sur ma peau, la douceur de ses caresses, les sensations ressenties lorsque sa langue et ses baisers découvraient mon corps. Je soufflai un bon coup voulant enfouir mes souvenirs dans un coin de ma tête afin d'éviter de souffrir. Oui souffrir car chaque fois que je laissais vagabonder mon esprit, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer un futur différent, un futur où Edward avait une place à mes côtés. Mais bien vite, mon esprit rationnel reprenait le dessus car Edward n'avait pas voulu assister à la fête de fin de tournage. C'était bien le signe qu'il ne tenait pas à me revoir. Alors, comme depuis trois mois, je tentai de repousser au fin fond de mon être ces idées.

J'en étais là de mes réflexions lorsque ma vieille Chevrolet toussota. J'eus juste le temps de me mettre sur le côté avant qu'elle ne se stoppe. Je vis de la vapeur s'échapper du capot, signe que je n'allais pas arriver de si tôt à la Push. Je sortis de la camionnette, pestant contre Jacob qui m'avait prévenue qu'elle ne tiendrait plus longtemps. Et moi, comme toujours j'avais insisté pour la conserver encore un peu afin d'éviter des dépenses inutiles. Je saisis mon sac afin de trouver mon portable et d'appeler Jake. La malchance s'acharnant contre moi, je me trouvais certainement dans le seul coin des alentours où le réseau ne passait pas.

Après plusieurs essais infructueux pour entrer en communication avec quelqu'un, je pris la résolution de sortir de la camionnette et de marcher. Le chemin me ramenant à Seattle étant plus court que la route menant à Forks, je rebroussai chemin. Au bout d'une demi-heure de marche, je vis apparaitre le premier véhicule qui s'avérait être un camion. N'étant pas une adepte du stop, je répugnai quelques secondes avant de lever le bras et de tenter d'arrêter le véhicule. Le camion se stoppa à mes côtés et la portière passager s'ouvrit sur un ….heu…non sur une camionneuse.

« Et alors ma jolie, t'es perdue ? » me demanda-t-elle d'une voix rendue rauque certainement par l'abus de nicotine. La femme que j'avais devant les yeux semblait très grande à la chevelure noire de geai et au regard pénétrant. Et sa carrure faisait plus penser à un déménageur qu'à une frêle jeune fille.

« Ma camionnette est tombée en panne. »

« Pas étonnant si c'est le tas de ferraille rouge que je viens de dépasser. »

« Ca doit être elle, effectivement, » acquiesçai-je timidement.

« Allez, grimpe, je te ramène à Seattle. C'est bien là que tu allais ? »

« Oui, j'y habite, » répondis-je en m'installant sur le siège.

« Et tu faisais une balade de santé en pleine campagne ? »

« J'allais rendre visite à mon meilleur ami pour le week-end. J'ai réussi à le joindre et je suis sure qu'il doit être fou d'inquiétude en ce moment. »

« Un meilleur ami ? Hum, hum… »

« Si vraiment. On se connait depuis l'enfance. »

« Au fait, comment t'appelles-tu ? »

« Je m'appelle Bella. »

« Moi c'est Betsy. »

« C'est pas courant de voir une femme camionneur. Du moins, j'ignorais que ça existait. »

« Ouais c'est pas courant mais ce bahut appartenait à mon père et c'est le seul héritage qu'il m'ait fait. Alors, je le rentabilise. »

« Je vois. »

Je m'apprêtai à ajouter un autre commentaire lorsque mon portable se mit à sonner. Je l'extirpai de la poche avant de mon jeans et regardai l'écran qui affichait le nom de mon ami. J'inspirai un bon coup avant de décocher.

« Salut Jake. »

« Bella ? Mais où es-tu, bon sang ? Tu devrais déjà être ici. En plus, ça fait un temps fou que j'essaye de te joindre, » vociféra-t-il.

« Désolée mais je suis tombée en panne en chemin. »

« Et tu es où maintenant ? J'entends le bruit d'un véhicule en mouvement. »

« Je suis dans un camion en route vers Seattle. »

« Tu ne pouvais pas m'appeler. Tu sais combien faire du stop est dangereux de nos jours. »

« Oui papy ! »

« C'est ça. Moque-toi. »

« J'avoue. On ne captait pas. J'ai bien dû trouver une solution. »

« Ok ! Donc tu ne viens pas ce week-end ? »

« Non. Mais il faudra que tu ailles récupérer ma camionnette et voir si elle est réparable ? Tu veux bien ? »

« Bien sûr, » répondit-il déçu.

« Je viendrai la semaine prochaine. Ce n'est que partie remise, Jake. »

« Oui mais, c'est moche que tu ne sois pas là aujourd'hui. »

« Pourquoi ? »

« Parce qu'Emmett et Edward Cullen sont ici pour nous montrer le film qu'ils ont filmé avec nous. »

« Oh… »

« Et j'étais tellement content que tu puisses le voir avec nous. »

« Et….j'aurais aimé être avec vous, » murmurai-je.

« En plus, j'ai pas arrêté de casser les pieds à Edward en lui parlant de toi et maintenant, je vais devoir lui dire que tu ne viens pas. »

L'idée qu'Edward était si près de moi mais en même temps si inaccessible me serra le cœur de manière violente. Mais je ne devais pas me faire d'illusions, il était à la Push pour le film et uniquement pour ça. Il devait peut-être même m'avoir déjà oubliée ou bien alors, je n'étais plus qu'un vague souvenir d'un bon moment passé après une dure journée de travail.

« Bella ? T'es toujours là ? »

« Heu…oui, oui. Je suis vraiment désolée mais….ils restent jusqu'à quand ? »

« Ils repartent déjà demain matin. »

« Si vite ! »

« Oui ! Edward doit présenter le court métrage dans la semaine et il espère être sélectionné pour les oscars dans cette catégorie. »

« Ok…alors, souhaite-lui bonne chance de ma part. J'aurais été…heureuse de le rencontrer. Et toi, n'oublie pas ma voiture.»

« Ok ma belle. Bon, je te laisse, on m'appelle. Fais attention et préviens-moi dès que tu es chez toi. »

« D'accord. Bonne soirée, Jake. »

Je raccrochai l'âme en peine mais c'était certainement préférable. Mon cœur n'aurait pas survécu s'il m'avait ignorée lors de la soirée. De plus, il était peut-être même accompagné. Et puis surtout, comment pourrait-il s'intéresser à une banale fille comme moi alors que lui était si beau et surtout en passe de devenir célèbre ?

« Oh la Bella ! Tu me sembles bien triste tout à coup ? »

« Non, ça va. »

«On raconte pas de carabistouilles à Betsy. Je vois bien que tu regrettes de ne pas être avec ton ami. Où bien est-ce les visiteurs que tu regrettes ? »

« Ca n'a pas d'importance. Les revoir une dernière fois m'aurait certainement fait plus de mal encore. »

« Hum, c'est bien ça le regret qu'on lit dans tes yeux. Et pourquoi serait-ce la dernière fois ? »

« Nous vivons dans des mondes, des villes différents. »

« Ecoute-moi. Si ton destin est de LE revoir. Et ne me contredis pas, ça se voit comme le nez au milieu du visage. Donc si c'est le destin, tu le rencontreras à nouveau. Mais crois-moi, le destin parfois a besoin d'un bon coup de pieds dans le cul. »

« Pardon, » pouffai-je.

« Ouais, le destin, il faut parfois le provoquer, » m'expliqua-t-elle en me faisant un clin d'œil avant d'éclater de rire.

Le reste du trajet se fit dans la bonne humeur. Betsy était une femme géniale et bourrée d'humour. En quelques mots, elle m'avait mis du baume dans au cœur. Elle me déposa juste devant mon logement me souhaitant bonne chance pour mes études et mon avenir. Je restai quelques minutes devant l'immeuble à regarder l'imposant bahut s'éloigner avant de sortir les clés de mon sac et de pénétrer chez moi. Angela étant repartie également dans sa famille, j'avais la chambre pour moi seule. Je rangeai mon sac avant de prendre un bon bain relaxant, voulant me détendre et imaginer la rencontre que j'aurais pu vivre avec Edward si ma camionnette ne m'avait lâché aujourd'hui. Je repensai aux paroles de Betsy et je voulus y croire. Oui, un jour, je reverrai Edward. Je ne savais pas quand, ni où, ni comment mais un jour, je le reverrai.

POV Edward

« Je ne peux pas t'accompagner, Irina. »

« Tu as besoin de vacances tout comme moi. C'est une occasion à ne pas rater. »

« Oui, j'en suis conscient mais ce n'est pas le moment. Mais toi, accompagne-moi. »

« J'ai besoin de vraies vacances Edward. Pas d'un week-end au fin fond de l'Etat de Washington. »

« C'est très beau et pittoresque. Vraiment un endroit reposant, je t'assure. »

« Je n'en doute pas mais d'après ce que j'en sais, c'est aussi l'un des endroits les plus humides et maussades de toute la côte Ouest. Alors très peu pour moi. Je veux du soleil, » ajouta-t-elle en se postant devant la porte fenêtre. Je l'observai un moment ruminer avant de poursuivre.

« Je dois vraiment y aller, Irina. Essaye de comprendre. »

« Ecoute Edward. Honnêtement, je ne te comprends plus. Depuis que tu es revenu, tu es différent. Tu ne sors plus de chez toi où juste pour travailler. On ne se voit quasiment plus parce que tu n'as plus de temps. C'est à peine si on peut encore se considérer comme un couple. »

« T'exagères, tu… »

« Non, je n'exagère absolument pas. Ouvre les yeux, Edward. Quand avons-nous passé une soirée ensemble en amoureux ? »

« Pas si longtemps. La preuve, on est ensemble aujourd'hui. »

« Et quand m'as-tu touchée pour la dernière fois ? »

« Arrête ! »

« Quand ? Des semaines… »

Je voulus la contredire mais ne trouvai pas les mots. Effectivement, j'avais énormément délaissé mon amie depuis des semaines, depuis trois mois exactement. Je m'approchai d'elle et la pris dans mes bras.

« Je suis désolé, » chuchotai-je, la tête enfouie dans sa chevelure.

« Ce n'est rien. Je ne t'en veux pas. Notre couple n'a jamais été très conventionnel et nous devions bien nous attendre à ce qu'il se fissure un jour ou l'autre. »

J'acquiesçai en hochant la tête car que pouvais-je répliquer à ces constatations ? Elle avait totalement raison. Irina et moi étions des amis de très, très longues dates. Nous avions toujours été très proches et lorsque nous étions devenus adultes, c'est naturellement que nous étions sortis ensembles. Notre couple avait enchanté nos familles respectives qui étaient très liés. Mais très vite, nous avions dû admettre que notre amour était plus fraternel qu'amoureux mais qu'il nous conférait une certaine tranquillité. C'est naturellement que nous avions poursuivi cette relation, nous fiançant même sous l'insistance de nos mères. Pourtant, nous avions bien conscience que nous n'aboutirions peut-être pas au mariage. Mais ni l'un, ni l'autre ne l'avouait.

« Je pense qu'il est temps que nous fassions un break tous les deux, » lâcha-t-elle dans le silence qui nous entourait.

« Non !...Enfin, c'est peut-être pas nécessaire d'en arriver là, » tentai-je de dire pour arranger la situation.

« Edward ? Admets que tu as changé ces dernières semaines. Dis-moi pourquoi ? Que je puisse faire quelque chose pour arranger les choses, » supplia-t-elle.

« Tu n'es nullement responsable, Irina. C'est moi et uniquement moi. »

« D'accord. Alors, faisons ce que je dis. Je pars en Europe pendant trois semaines. Durant ce laps de temps, nous resterons en contact comme les amis et confidents que nous avons toujours été mais nous mettons à profit cette séparation pour faire le point et réfléchir à ce que nous désirons pour l'avenir. »

« Je ne veux pas te perdre Irina. »

« Mais est-ce Irina ton amie à laquelle tu tiens ou Irina ton amante et fiancée ? »

Face à cette question, je ne sus que répondre. Face à mon silence, elle me sourit affectueusement avant de se blottir dans mes bras. Je lui rendis son étreinte, embrassant le sommet de son crâne.

« Ok, » soupirai-je. « Faisons comme tu veux. »

« Nous avons besoin de revoir nos priorités et nos envies de futur. Et sache que jamais, tu m'entends, jamais tu ne me perdras car tu seras toujours mon meilleur ami. L'un des hommes qui comptera toujours pour moi. Mais il est important que quoi que ce soit qui te tracasse actuellement, tu essayes de le résoudre. »

« Mais et toi ? »

« Je pense que moi aussi j'ai besoin de souffler et de voir vers où je veux aller. »

« Tu es une femme merveilleuse, tu sais ça ? » soupirai-je en l'enlaçant un peu plus.

« Oui, je le sais mais nous ne sommes peut-être pas destinés à être ensembles. »

Nous avions terminé notre soirée dans la bonne humeur, profitant au maximum du peu de temps qu'il nous restait ensemble. Cette soirée n'était pas une fin en soi mais le commencement d'une nouvelle étape dans notre vie.

oOooOooOo

Nous étions arrivés en début d'après-midi à la Push, mon frère et moi, heureux de retrouver la bande des Quilleutes. Emmett s'était empressé d'installer le matériel chez Billy où la projection aurait lieu avant de s'éclipser retrouver Sam et Jared avec qui il avait gardé des contacts suivis. Je m'apprêtai à rejoindre mon frère quand la Golf de Jacob apparut à l'horizon. Les battements de mon cœur s'accélérèrent au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de moi. L'envie soudaine de fuir se fit sentir et je dus faire preuve d'énormément de volonté et de contrôle afin de rester camper sur les deux pieds sur le perron.

La voiture se stoppa face à moi. Je fronçai les sourcils ne distinguant pas la passagère à cause des reflets du soleil sur le pare-brise. Les portières s'ouvrirent. Jacob me héla pour me saluer dès qu'il posa le pied à terre mais mon regard restait bien malgré moi rivé sur le côté droit du véhicule. Soudain, une très belle jeune fille amérindienne apparut.

« Salut Edward. C'est ma petite amie qui te fait cet effet ? » M'apostropha-t-il. J'écarquillai les yeux, tentant de revenir à la réalité, mon esprit inondé de questions.

« Excuse-moi. Mais ….ton amie est magnifique et j'en oublie presque ta présence, » plaisantai-je pour cacher mon trouble.

« Et elle s'appelle, pas touche, » ajouta-t-il en me donnant une tape sur l'épaule.

« Aucun risque, » répliquai-je avec conviction. Je ne referai pas deux fois le même coup à Jacob. Mais s'il était avec une autre fille, où était Bella ? Je ne restais qu'une nuit mais j'espérais bien avoir l'occasion d'aller la voir.

« Je te présente Leah. Ma puce, je te présente Edward Cullen, l'homme qui a immortalisé notre tribu. »

« Enchantée, Edward. »

« Moi de même. »

J'essayai de trouver un moyen de demander à Jake des nouvelles de Bella discrètement quand les cris de la joyeuse bande nous firent nous retourner. Emmett accompagné des trois mecs que j'identifiais comme étant Jared, Embry et Quil nous rejoignirent. Quelques tapes dans le dos et embrassades plus tard, nous nous dirigeâmes dans la maison de Billy. Chacun prit place sur les divers fauteuils ou à même le sol dans un brouhaha épouvantable. Des bières circulèrent dans l'assistance. Je m'installai à côté de Jacob que j'entendis marmonner.

« Mais qu'est ce qu'elle fait ? »

« Lâche-là un peu Jake. Laisse là vivre sa vie, » le chambra Jared.

« Elle devrait déjà être là, c'est pas normal, » grommela-t-il en lançant un regard noir vers son ami.

« Si tu l'appelais plutôt que de râler comme un petit vieux. »

« Oh ça va. Vous comprenez rien. Je m'inquiète. »

« Téléphone lui, » insista Leah.

Du coin de l'œil, je suivais l'échange, comprenant qu'il parlait de Bella. Je vis Jacob sortir son portable de sa poche avant de composer rapidement un numéro qu'il connaissait par cœur. Inconsciemment, je retins ma respiration. J'espérais que son retard ne soit pas dû à un accident. Je le vis recomposer le numéro mais sans succès à nouveau.

« Bon on commence, » demanda Quil.

« Ok, » soupira Jake tout en saisissant son portable et tentant à nouveau de joindre Bella.

Je sentais mon stress augmenter autant que celui de Jake. Mon frère démarra la projection mais à peineles premières images apparaissaient sur l'écran que Jake obtint la communication.

« … »

« Bella ? Mais où es-tu, bon sang ? Tu devrais déjà être ici. En plus, ça fait un temps fou que j'essaye de te joindre, » vociféra-t-il.

« …. »

« Et tu es où maintenant ? J'entends le bruit d'un véhicule en mouvement. »

« ….. »

« C'est ça. Moque-toi. »

Je regardai Jake sourire aux paroles de Bella.

« … »

« Ok ! Donc tu ne viens pas ce week-end ? »

La déception qui pointait dans la voix de Jacob était le reflet de la mienne.

« ….. »

« Bien sûr, » répondit-il déçu.

« …. »

« Oui mais, c'est moche que tu ne sois pas là aujourd'hui. »

« ….. »

« Parce qu'Emmett et Edward Cullen sont ici pour nous montrer le film qu'ils ont filmé avec nous. »

« …..… »

« Et j'étais tellement content que tu puisses le voir avec nous. »

J'avais une folle envie de lui arracher le téléphone et de lui parler moi-même, de lui dire que j'avais vraiment envie de la voir, que je voulais la rejoindre. Pourtant, je ne bougeai pas, essayant de reprendre le cours de la conversation.

«… »

« Ok ma belle. Bon, je te laisse, on m'appelle. Fais attention et préviens-moi dès que tu es chez toi. »

Je fixai toujours Jacob lorsqu'il rangea son portable dans sa poche. Il me fit un petit sourire contrit avant d'expliquer.

« La camionnette de Bella est tombée en panne. Elle a dû rebrousser chemin. Elle regrette de ne pas pouvoir vous voir. »

« C'est moche, je me réjouissais de la revoir, » déclara mon frère.

« Tu la connais ? » m'étonnais-je.

« Ouais. J'ai eu l'occasion de discuter longuement avec elle le soir de la fête de clôture. Tu ne sais pas ce que tu as raté. Vous avez pas mal de goûts en commun, » ajouta-t-il.

« Je n'en doute pas, » marmonnai-je entre mes dents.

Des exclamations diverses fusèrent tandis que je m'enfonçais dans mon siège. Une part de moi était venue ce week-end dans le but de la voir et un malheureux concours de circonstance gâchait tout. De ma bulle, je vis le film redémarrer et les conversations reprendre.

Que devais-je faire ? Demander comment la trouver ? Mais avait-elle envie seulement de me revoir ? Qui étais-je pour débarquer dans sa vie ? Et puis, cette nuit n'avait peut-être été marquante que pour moi. Je devais attendre. Un proverbe chinois s'imposa à moi.

Celui qui arrive sans qu'on l'ait fait venir, c'est le destin. (*)

Je décidai donc de ne rien dire ni demander. Je laissai donc le destin décider pour moi. Et advienne que pourra !

(*) Mencius, Livre des livres, II, III, 6 ; IVe S. av. J.-C.

Note: cette fic ne sera pas très longue...seulement 4-5 chapitres. Sauf si je me laisse entrainer par mes doigts et mes personnages!