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dimanche 24 avril 2011

Je n'oublierai jamais - 2. La vie continue

Chapitre 2 : La vie continue.

 POV Edward

 

Nous touchions à la fin du tournage. Demain soir aurait lieu une fête pour la clôture du tournage avec nos figurants indiens et l’ensemble de l’équipe technique. Ce documentaire s’annonçait sous les meilleurs auspices. Certaines personnes disaient même qu’il me mènerait aux Oscars dans la catégorie court métrage. Si ça pouvait être vrai. Cela m’ouvrirait toutes les portes et surtout tous les sponsors que je voudrais.

 

Mais pour l’heure, je roulais dans ma voiture de location à la recherche d’un chalet perdu au milieu des bois. J’y étais venu la semaine précédente mais sous la pluie. Et aujourd’hui, sous un soleil radieux, le paysage me paraissait totalement différent et inconnu.

 

Les souvenirs de cette nuit étaient si présents dans mon esprit que ce matin, je n’avais pu m’empêcher d’essayer d’y revenir. Pourquoi ? Aucune idée à vrai dire. Je savais qu’elle n’était pas libre et qu’elle devait en plus avoir fait un trait sur cette nuit. Malheureusement, moi de mon côté, je n’y arrivais pas. Je pensais à elle sans arrêt.

 

Je me revoyais encore la quitter sur la pointe des pieds le matin afin de ne pas la réveiller, ne voulant pas avoir à lui dire adieu. J’avais poursuivi mon chemin vers l’aéroport, pris le premier vol en partance pour New York. J’étais arrivé tel un automate chez mes investisseurs, discuté du budget, de la pub, du montage et d’un tas de chose qui m’avaient semblé si lointaines. Au bout de deux heures de conversations inutiles, je m’étais rendu chez mes parents. Mon havre de paix. Le bien-être que je ressentais en venant les voir me ressourçait toujours. Ma mère se fit une joie de me préparer mon plat préféré et je pus parler ouvertement avec mon père de différents points techniques de mon court métrage. Une soirée parfaite.

 

Le réveil du lendemain fut nettement moins agréable que la veille. Pas de jolie et envoûtante brune à mes côtés mais l’idée aigre que je devais me rendre au centre ville pour y déjeuner avec ma meilleure amie  …et accessoirement petite amie. Irina et moi, nous nous connaissions depuis l’enfance. Nos familles étaient amies et c’était tout naturellement que nous avions commencé à sortir ensembles à la fin de nos études. Elle était devenue journaliste et travaillait pour le journal de son père, Eléazar Denali. Notre entente était parfaite, enfin jusqu’à ce jour.

 

J’étais passé à son bureau pour l’emmener déjeuner dans l’un des petits restos proches. Après m’avoir fait poireauter pendant plus de trois quart d’heure, elle daigna enfin me suivre. Irina se fit un devoir de me raconter les derniers évènements mondains  que j’avais manqués. Elle n’omit aucun détail, aucun nom. Tandis que je l’écoutais parler, mon esprit s’était déconnecté et m’avait ramené au milieu des bois.

 

« Tu es d’accord ? » demanda-t-elle, me sortant de ma méditation.

 

« Heu….pardon. Que disais-tu ? »

 

« Edward. Tu n’écoutes rien de ce que je te dis depuis que nous sommes installés. »

 

« Si, Irina mais j’avoue que les potins ne m’intéressent pas. »

 

« Oh ! Mais c’est pour la plupart nos amis. Je pensais que tu apprécierais d’avoir de leurs nouvelles. Tu es resté loin de New York plusieurs semaines.»

 

« Je sais. Mais j’ai d’autres préoccupations pour le moment. »

 

« Oh, excuse-moi. Je ne t’ai même pas demandé comment se passait ton tournage. »

 

« Tout se passe bien. Normalement, nous aurons terminé dans une semaine. »

 

« C’est génial, Edward. Tu seras vite de retour. »

 

« Hum, hum. »

 

« Es-tu  vraiment certain que tout va bien ? »

 

« Mais oui. »

 

« Tu sais que tu peux tout me dire. Nous sommes amis depuis suffisamment longtemps pour qu’il n’y ait aucun secret entre nous. Quel qu’il soit, » insista-t-elle en me fixant attentivement.

 

Irina avait toujours détecté lorsque je lui cachais quelque chose mais elle n’insista pas. C’est ce que j’appréciais chez elle. Nous nous comprenions sans parler, sachant ce que l’autre aimait ou détestait. J’avais énormément de chance de l’avoir à mes côtés même si à cet instant, je désirais la présence d’une autre.

 

Je déviai la conversation qui devint plus agréable. Je lui racontai le tournage, les anecdotes, les bêtises de mon frère. Notre repas se termina beaucoup mieux qu’il n’avait commencé. Je m’en voulus de ma faiblesse avec Bella. Irina était une fille formidable, gentille, douce, altruiste et mon attitude m’apparut comme la pire traitrise qui soit malgré notre arrangement. J’avais repris l’avion en fin de journée afin d’être sur place le lendemain pour reprendre les prises de vue.

 

Malheureusement, plus les jours passaient, et plus l’image de Bella s’insinuait dans ma tête au point que je me retrouvais à rechercher un chalet au milieu d’un bois. Au détour d’un chemin, je vis apparaitre une cabane en bois qui raviva les souvenirs de ma nuit en ces lieux. L’endroit semblait désert. J’arrêtai la voiture devant l’entrée, observant les alentours. Rien ne bougea. Je soupirai, me fustigeant de ma présence. Je m’apprêtai à rebrousser chemin lorsqu’apparut un grand basané au coin du chalet. Je présumai qu’il s’agissait du dénommé Jacob, le petit ami de Bella.

 

Mais qu’est-ce que je fais ici ?

 

Je souris face à l’arrivant quand je me figeai. Je reconnus l’un de mes figurants de la réserve. Jacob était Jake le fils du chef de la réserve dela Push.

 

Et merde !

 

Je déglutis péniblement avant de sortir de la voiture et de lui faire face.

 

« Hé salut Edward. Tu viens te perdre dans nos bois ? »

 

« Salut, Jake. »

 

« Alors t’es perdu ? »

 

Pas cette semaine.

 

« Je fais des repérages pour éventuellement un prochain tournage. »

 

« Waw, c’est super. Veux-tu une bière ? » proposa-t-il.

 

J’hésitai un instant ne voulant pas voir Bella avec son ami mais d’un autre côté, je désirais tellement l’apercevoir une dernière fois avant de repartir définitivement pour New York. Je m’approchai de l’entrée en acquiesçant.

 

« Installe-toi. Je vais chercher les bières et j’arrive. »

 

Je pris place dans l’un des fauteuils sur la terrasse devant le chalet, observant les abords en patientant. Des bacs de fleurs ornaient les appuis de fenêtres. Un petit potager superbement entretenu s’étalait sur le côté de la maison.

 

« Tiens, » dit-il en me sortant de ma contemplation.

 

« Merci. C’est sympa comme endroit.»

 

« Ouais. C’est petit, simple mais c’est chez moi. »

 

« Je pensais que tu habitais à la réserve comme tous les autres. »

 

« J’y habitais jusqu’il y a six mois. J’avais envie de souffler un peu et de prendre un peu d’indépendance. »

 

« Tu ne te sens pas trop seul ici ? » demandai-je en connaissant déjà la réponse. J’étais maso comme toujours, préférant entendre une vérité quitte à en souffrir ensuite.

 

« Oh mais je ne suis pas seul. Ma Bella vit avec moi normalement mais elle a commencé ses études à l’Université lundi. »

 

« Hum. Des études de quoi ? »

 

« Elle est une passionnée de littérature. Tu ne la vois jamais sans un bouquin à la main. Elle veut devenir écrivain ou du moins travailler dans l’édition. »

 

« Pas mal comme choix. »

 

« Ouais. Mais tu la verras certainement demain à la fête de fin de tournage. Elle rentre le matin et j’espère la convaincre de m’y accompagner. »

 

« Bien sûr. Bon, je vais te laisser car j’ai encore pas mal de boulot avant demain, » ajoutai-je en me levant.

 

Je lui serrai la main avant de pivoter et de remonter en voiture. Je jetai un dernier regard vers ce chalet où j’avais passé la plus belle soirée de ma vie. La mort dans l’âme, je repris le chemin dela Push, sachant que je garderai toute ma vie le souvenir de cette jeune femme brune aux yeux chocolat. Mais je lui souhaitais d’être heureuse avec Jake.

 

oOoOoOoOo

 

J’avais passé le reste de la journée et le lendemain à photographier et  filmer quelques vues extérieurs pour les raccords. Cet endroit était vraiment splendide. Je voulais immortaliser mon séjour afin d’en garder les meilleurs souvenirs. Pourtant mon meilleur moment à Forks était sans conteste ma nuit dans la forêt, un soir de tempête. La pensée que j’allais la revoir le soir aux bras de Jake me retournait le cœur. Je décidai alors qu’il était préférable que je quitte la réserve avant la soirée.  Je finissais  mes bagages lorsque mon frère arriva. Emmett et l’équipe de tournage venaient de finir d’embarquer le camion avec le matériel. Mon frère s’approcha de moi et s’affala sur le siège à mes côtés.

 

« Tout est chargé frangin. »

 

« Merci Em. »

 

« T’es sûr que tu  ne veux pas rester pour la fête de ce soir ? Ils savent vraiment s’amuser ces indiens. »

 

« Oui Emmett. Je suis sûr. J’ai rendez-vous demain très tôt avec les producteurs et je tiens à être frais et dispo. »

 

« Tu sais pas ce que tu rates. »

 

« Je m’en doute. Profites-en avec les autres et reviens demain tranquillement. »

 

« Ok. Embrasse les parents et Alice pour moi. »

 

« D’accord, » acquiesçai-je finissant d’empaqueter mes vêtements et les bobines du film.

 

Emmett m’aida à charger mes valises dans la voiture et nous nous dirigeâmes ensembles vers la maison de Billy, le chef de la réserve afin de le remercier et lui faire mes adieux. Nous discutâmes un certain temps autour d’une bière et je le quittai en lui promettant de revenir une fois le film fini pour le visionner ensemble.

 

Je repris la route une heure plus tard et je fis un détour par la plage où se déroulait la fête. De loin, j’aperçus mon frère en charmante compagnie comme à son habitude. Le reste de l’équipe discutait, mangeait et buvait avec les jeunes de la réserve. Une fraction de seconde, j’eus envie de sortir de la voiture et de les rejoindre afin de participer avec eux lorsque je vis la vieille Golf noire de Jake se garer le long de la route. Il sortit du véhicule et au même moment, de l’autre côté, la fille qui faisait battre mon cœur sortit, un sourire aux lèvres. Jacob contourna la voiture, s’empara de sa main et la mena jusqu’à la plage. Bella salua les jeunes qu’elle semblait bien connaitre et enlaça les quelques filles présentes. Je l’observai encore quelques minutes, la voyant déambuler entre les groupes.

 

Peut-être me cherche-t-elle ?

 

Je fis rapidement taire ma conscience car si je l’écoutais, je m’élancerais vers la plage pour la rejoindre. Et cela était totalement impossible. Son petit ami l’accompagnait et je doute qu’il apprécie. La mort dans l’âme, le cœur lourd, je démarrai la voiture et pris la direction de l’aéroport. Une fois de plus, je partais rejoindre ma famille et ma vie loin d’elle.

 

POV Bella.

 

Je me réveillai le matin courbaturée mais avec un sentiment de bien-être qui m’était inconnu depuis la mort de mon père. J’ouvris les yeux doucement tentant de me rappeler les raisons de mes douleurs quand les souvenirs de la veille me revinrent en mémoire. Je me rappelai la soirée que j’avais prévu devant la télévision, l’orage qui avait éclaté et surtout la visite inattendu d’un apollon égaré. J’avais accepté de l’accueillir le temps que la pluie cesse et qu’il puisse reprendre sa route. Mais la soirée avait légèrement dérapé et nous avions fini dans les bras l’un de l’autre. Les images de divan, de la douche et même de ce lit assaillirent mon esprit me faisant rougir. Lentement, je tendis la main vers l’autre côté du lit et je rencontrai…..rien, le vide. D’un mouvement vif, je me tournai pour constater qu’effectivement, je me trouvais seule dans le lit de Jacob. Sans m’arrêter à ma nudité, je sortis du lit et déboulai dans le salon pour le découvrir aussi vide. Une sensation d’abandon monta en moi. C’était complètement absurde de se sentir aussi mal pour un homme que je n’avais côtoyé que quelques heures et pourtant, mon cœur pleurait son départ.

 

Tel un zombie, je m’approchai du divan sur lequel je m’affalai anéantie. Il était parti comme il était venu, me laissant marquée à jamais par cette rencontre inattendue mais inoubliable. Je penchai la tête en arrière, la déposant sur le dossier et soufflai un bon coup pour refouler les larmes traitresses qui menaçaient de couler sur mes joues. Comment pouvais-je me mettre dans un état pareil pour un mec dont j’ignorais totalement l’existence moins de douze heures auparavant ? Je m’apprêtai à me lever pour regagner la salle de bain afin d’y prendre une douche lorsque mon regard fut attiré par un bout de papier. Je le saisis pour le lire mais je ne reconnus pas l’écriture. Elle était régulière, stylisée mais très masculine. N’appartenant pas à Jacob, j’en conclus immédiatement que la note avait dû être rédigée par Edward.  

 

Je n’oublierai jamais.

Je t’aime

 E.

 

Ces quelques mots me touchèrent au plus haut point. Malheureusement, ils ne changeaient rien à la situation. Edward était reparti durant la nuit, me laissant un petit mot comme seul souvenir. Je le pliai, le glissai dans le livre que je lisais hier soir et qui trainait encore sur la table, ne pouvant me résoudre à le jeter dans l’immédiat.

 

M’appesantir sur mon sort et sur l’injustice de la situation ne m’amènerait rien de bon. Je décidai donc de me lever, de me doucher et de reprendre ma vie là où je l’avais laissée hier en soirée. J’eus le temps de ranger les différentes pièces de la maison ainsi que de faire la vaisselle avant d’entendre le bruit caractéristique de la vieille Golf de Jacob s’approcher.

 

« Bonjour ma belle, » me salua-t-il en m’enlaçant et embrassant mon front.

 

« Bonjour, Jake, » répondis-je machinalement en me dégageant pour ranger la vaisselle.

 

« Ca va ? Passé une bonne nuit ? » Questionna-t-il en saisissant une pomme dans le panier trônant sur la table de la cuisine.

 

Il posa une fesse sur le coin de la table et s’y assit. Tandis qu’il mangeait, j’observai à la dérobée son reflet dans la fenêtre faisant face à l’évier.

 

« Oui très bonne, » répliquai-je un peu rêveuse. « Et toi la soirée ? »

 

« Ouais, génial. »

 

Je  finis d’essuyer la vaisselle et de la ranger avant de pivoter vers lui. Il était assez rare que Jacob soit si silencieux. Le regardant attentivement, je le trouvai particulièrement nerveux.

 

« Qu’y a-t-il Jake ? Tu es bizarre ? »

 

« Non…enfin si…c’est que. »

 

« Oh, c’est si difficile que ça ? Vas-y accouche ! »

 

Je posai le torchon sur le plan de travail et pris place autour de la table. Jacob fit de même après avoir balancé son trognon dans la poubelle.

 

« Bella. Ca fait déjà quelques temps que je veux essayer de te parler mais je ne sais pas comment aborder le sujet sans te faire de mal, » commença-t-il mal à l’aise.

 

« Le plus simplement possible, » le rassurai-je.

 

Je sentis mes mains devenir moites d’appréhension. Car même si j’avais ma petite idée concernant le sujet abordé, l’entendre était difficile malgré tout et stressant.

 

« Lorsque Charlie s’est tué en voiture il y a six mois, j’ai été très  heureux  lorsque tu as  accepté de venir vivre ici sachant que tu ne serais pas seule et que tu allais pouvoir vendre la maison pour pouvoir te permettre de financer tes études. Nous avons toujours été très proches. »

 

« Mon meilleur ami. »

 

« Oui, justement. Vivre ensemble et te voir si malheureuse, souffrant du décès de ton père, m’a énormément marqué. Nous nous sommes rapprochés et je n’avais qu’une envie, qu’un but, te rendre le sourire et te voir heureuse à nouveau. »

 

« Et tu y es arrivé. Je ne t’en remercierai jamais assez. »

 

« Et j’en suis heureux. Ces six mois ensemble sont des moments magiques que je n’oublierai jamais mais… »

 

« Mais ? »

 

« Mais….Bella je ne veux pas te blesser, » chuchota-t-il en se levant et arpentant la cuisine de long en large nerveusement.

 

« Mais tu ne m’aimes pas. »

 

« SI ! » s’écria-t-il en me saisissant par les épaules.

 

« Jake ! Je sais que tu m’aimes bien mais tu n’es pas amoureux. »

 

« Heu…Non, » avoua-t-il penaud.

 

« Moi non plus, » répondis-je en retenant péniblement un rire.

 

« Toi non plus ? » s’exclama-t-il.

 

« Non ! Je suis bien avec toi, je l’avoue. Je me sens en sécurité et soutenue. Mais ce n’est pas de l’amour. Pas l’amour que tu mérites Jake. »

 

« Et tu ne m’as rien dit ? »

 

« Je comptais t’en parler avant mon départ mais moi aussi je redoutais de te blesser. Je t’aime mais comme un ami. Un ami très cher. »

 

Jacob éclata de rire en m’enlaçant et me faisant tournoyer autour de lui. La tension que nous ressentions quelques minutes plus tôt venait de s’envoler ne laissant place qu’à l’amitié et l’affection sans borne entre mon meilleur ami et moi.

 

Le reste de la journée passa à une vitesse éclaire. J’avais tellement de  choses à faire avant mon départ pour Seattle et mon arrivée sur le campus. Je passai une bonne partie de la journée à empaqueter mes vêtements et mes bouquins. Mais je tenais à passer cette soirée avec mon ami de la meilleure manière qui soit en lui préparant ses plats préférés et visionnant un bon film. Le quitter demain était une nouvelle étape dans ma vie qui m’effrayait autant qu’elle m’attirait.

 

oOoOoOo

 

Cette première semaine à l’université de Seattle avait été géniale. Je m’y sentais à ma place. J’avais fait peu de connaissances mais ce n’était pas important puisque j’étais une solitaire. J’avais décroché un petit boulot à la bibliothèque du campus qui me permettrait de ne pas puiser trop dans les réserves que la vente de la maison de mon père m’avait donnée.

 

J’avais fait le voyage de retour à bord de ma vieille Chevrolet et j’étais à peine arrivée que Jake m’avait sautée dessus voulant tout connaitre de ma nouvelle vie. Nous discutions depuis plus d’une heure, de moi, de lui quand il aborda un sujet qu’inconsciemment j’appréhendais.

 

« Tu m’accompagnes toujours ce soir pour fêter la fin du tournage ? »

 

« Tu es sûr que tu veux que je vienne ? »

 

« Oui. Je serais vraiment heureux que tu m’accompagnes. »

 

« Ok alors. »

 

« Parfait, Bella. On part vers dix-neuf heures, » ajouta-t-il en sortant de la maison.

 

La partie la plus difficile de la journée fut celle consistant à me préparer pour notre soirée. Toute ma garde-robe y passa. Bon d’accord, elle n’était pas des plus étoffées mais quand même, les essayages me prirent plus d’une heure et quand ceux-ci furent terminés, je n’avais toujours pas fait mon choix. Moi qui n’avais jamais prêté trop attention à mon apparence, je voulais être à mon avantage ce soir tout en gardant un style décontracté.  Et pourquoi ? Parce que  j’allais revoir Edward. Je finis par choisir un bermuda en jean délavé, un débardeur bleu pâle ainsi qu’un gilet bleu marine. Je relevai mes cheveux en queue de cheval haute mais laissai quelques mèches rebelles devant mes oreilles.

 

La fête avait lieu sur la plage de la Push. Ce n’était pas la première fois que je participais à une fête avec les amis de Jacob mais c’était la première fois que j’étais aussi stressée et anxieuse. Durant tout le trajet, je triturai mes doigts ce qui évidemment attira l’attention de Jake.

 

« Tu sembles bien nerveuse, Bells aujourd’hui. »

 

« Heu…non ça va, » répondis-je en tentant de rester tranquille.

 

« Tu es sûre ? J’ai l’impression que t’as des vers, » ricana-t-il.

 

« Oh d’accord. Je suis un peu stressée à l’idée de me retrouver avec autant d’inconnus, » répliquai-je en tentant d’empêcher mes fesses de gigoter sur le siège.

 

« Tu n’as aucune raison. Tu vas voir, toute l’équipe est vraiment sympa. »

 

« Oui je m’en doute. Mais tu sais comme je n’aime pas les nouveautés. »

 

Ma réflexion fit rire Jacob. Il n’ajouta rien car nous venions d’arriver à destination. Il gara la vieille Golf  le long de la route et dès le contact coupé, il bondit hors du véhicule. Je l’imitai et il vint me prendre la main pour m’emmener vers un groupe de jeunes Quilleute que je connaissais bien. Directement, je fus assaillie et enlacée par diverses personnes. Mais je fus surprise de voir Leah faire partie du groupe. Ordinairement, elle m’évitait et me faisait bien comprendre que je n’avais pas ma place parmi les indiens de la réserve. Mais aujourd’hui, elle m’accueillit comme une amie. D’abord hésitante, je lui rendis son étreinte avant de m’écarter légèrement. Je vis un léger sourire que lui fit Jacob et je compris qu’elle essayait de se racheter vis-à-vis de moi car un lien nouveau venait de se créer entre eux. Loin d’en ressentir un malaise ou de la rancœur, je fus heureuse pour eux. Rassuré, Jake passa un bras autour de mes épaules et m’entraina vers un groupe d’hommes rassemblé autour du feu. Les discussions allaient bon train mais celle-ci s’arrêtèrent lorsque nous arrivâmes à leur hauteur.

 

« Oh mais tu nous avais caché des choses Jacob ? » plaisanta un grand brun baraqué.

 

« Il voulait la garder pour lui tout seul surtout, » renchérit le petit blond à ses côtés.

 

« Doucement les mecs avec ma frangine, » riposta Jake me surprenant par ce terme affectueux et possessif.

 

« Ta frangine ? A d’autres. »

 

« Bella, je te présente les techniciens, Alec et Félix et le caméraman assistant du réalisateur Emmett. »

 

« Bonsoir. »

 

« Les gars, je vous présente ma meilleure amie qui est comme ma sœur, Bella. »

 

« Bonsoir Bella, » répondirent-ils en cœur.

 

Jared s’approcha de nous et nous tendit à Jacob et moi une bouteille de bière. Il me présenta quelques autres personnes tandis que je saluais les Quileutes que je connaissais. Je laissai Jacob parler avec un groupe de garçons et déambulai sur la plage discutant de ci et de là. Discrètement, je cherchai Edward. Malheureusement, je ne le trouvai nulle part. Je n’osais demander après lui puisque je n’étais pas censée le connaitre. Son absence à la soirée me rendit triste. J’espérais tant le voir une dernière fois avant son départ. Mes pas me ramenèrent vers le feu de camps où je pris place autour afin de me réchauffer. Je fixai les flammes rougeoyantes lorsque je sentis qu’on s’asseyait à mes cotés. Une bière me fut tendue que je saisis en relevant la tête pour remercier…Emmett.

 

« Merci. »

 

« De rien. Je suis assez doué pour venir en aide aux jeunes filles en détresse. »

 

« Hum…Où vois-tu une jeune fille en détresse ici ? »

 

« Je t’observe depuis un moment et malgré tes efforts pour sourire et discuter avec tout le monde tu sembles absente. »

 

« Non, je… » tentai-je de protester.

 

« Pas à moi. Tu ne t’amuses pas, n’est-ce pas ? »

 

Je lui souris en soupirant.

 

« Ok…Tu as vu juste. Ce genre de fête, où il y a beaucoup de monde, c’est pas trop mon truc. Je m’y sens …à part. »

 

« Et qu’aimes-tu ? »

 

« Moi, j’aime les soirées tranquilles, au coin du feu et si possible avec un bon bouquin comme compagnie. »

 

« Oh non ! Une littéraire, c’est bien ma veine. »

 

« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si terrible ? »

 

« Rien, » s’esclaffa-t-il en engloutissant une grande gorgée de sa bière.

 

« Mais si ! Pourquoi ris-tu ainsi de moi. »

 

« C’est pas de toi, douce Bella. Mais c’est plutôt mon frère qui devrait être ici à parler avec toi et non moi. »

 

« Je ne comprends pas. »

 

« Moi j’aime rire, m’amuser, draguer à l’occasion tandis que mon frère, Edward, est comme toi. Il adore la tranquillité et  lire, » m’expliqua-t-il tandis que je restais stupéfaite à l’annonce que l’homme que j’étais venue retrouver était son frère.

 

« Oh…Et…Dommage qu’il …ne soit pas là alors. »

 

« Ouais ! C’est dommage, il aurait bien besoin de s’amuser un peu. »

 

« Et … que fait-il ton frère ? » Demandai-je timidement, le cœur frappant fortement dans ma poitrine.

 

« Oui c’est vrai tu ne sais pas. En réalité, c’est lui le réalisateur du documentaire. Je l’assiste et célèbre les fins de tournages à sa place, » plaisanta-t-il.

 

« Il n’est pas là, si je comprends bien ? »

 

« Et non. Pour je ne sais quelle raison, il a décidé de rentrer seul plus tôt à New York. »

 

« Il avait certainement de bonnes raisons. »

 

« Je ne sais pas. Il…il était bizarre avant de partir. »

 

« Bizarre ? »

 

« Oui, comme s’il voulait fuir quelque chose. Mais évidemment, il n’a rien voulu me dire. »

 

« Que voudrait-il bien fuir dans ce trou perdu ? » ricanai-je.

 

« Avec lui, on sait jamais. Mais il était peut-être pressé de retrouver sa pseudo fiancée, » lâcha-t-il, telle une bombe qui fit éclater mon petit cœur en mille morceaux.

 

« Hum…Et toi, tu repars quand ? » demandai-je voulant changer de sujet au plus vite et cacher la peine et le chagrin qui gonflaient en moi.

 

« Dès demain nous embarquons avec le matériel. »

 

« Et vous repartez sur un autre projet ? »

 

« Oh non. Nous avons au moins pour trois voire quatre mois de travail en studio maintenant pour découper et assembler la totalité des rush pour en faire un film correct. »

 

« Waw…un gros boulot encore. »

 

« Oui. Beaucoup de monde pense que le travail s’arrête après le tournage alors qu’en réalité, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. La postproduction est la partie la plus importante. »

 

« Et celle qui semble la plus intéressante quand on voit ton enthousiasme. »

 

« Oh oui, j’adore cette partie là. Bien que supporter mon frère et ses sautes d’humeur lorsque le résultat ne correspond pas à ses attentes ne soit pas ma tasse de thé. »

 

La réflexion d’Emmett me fit rire. Lui et moi discutâmes encore un bon bout de temps ce qui me permit d’éloigner de moi la tristesse que le départ d’Edward et puis la nouvelle de ses fiançailles avait créé. Je me forçai à rire et plaisanter avec les autres. Plusieurs heures plus tard, lorsque Jacob proposa de rentrer, j’acceptai avec joie. Mon ami salua très tendrement Leah avant de m’emmener vers la voiture. Je m’installai en boule sur le siège passager et fermai les yeux tandis que nous roulions vers la maison.

 

Mes pensées me ramenèrent auprès d’Edward et de merveilleux moments que nous avions passé ensembles. Mais je les refoulai au fond de ma mémoire car malgré le mal que cela me faisait, je devais admettre que je n’avais été qu’un intermède dans sa vie. Je garderai éternellement le souvenir de cette nuit mais je devais aller de l’avant. Dès lundi, je reprenais le chemin du campus, de ses cours et je  créerai mon avenir afin d’atteindre mon but.