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mercredi 10 août 2011

Chapitre 4: New York


Chapitre 4 : New York
POV Emmett
J'avais passé une soirée géniale hier entouré des mecs de la réserve de la Push. Nous avions promis de revenir leur montrer le film lorsqu'il serait fini et c'est ce que nous avions fait, Edward et moi. Nous avions été accueillis comme des amis rentrant au pays. Le salon de Billy avait été transformé en salle de cinéma. La bière coulait à flot et la bonne humeur était au rendez-vous. Les réflexions et boutades résonnaient durant la diffusion du film. Pourtant l'un d'entre nous semblait indifférent à la fête.
J'avais observé à la dérobée mon frangin qui s'était renfrogné sans aucune raison. Ou du moins sans aucune raison que je connaisse. Pourtant, le trajet jusqu'à la réserve s'était passé dans la bonne humeur et la gaité. Si je repassais les évènements de la soirée dans ma tête, j'étais quasi certain que son attitude avait changé au début de la projection. Je l'avais vu s'enfoncer dans son siège, ne parlant que rarement. Durant toute la soirée, il était resté taciturne.
Nous étions à présent dans l'avion qui nous ramenait à New York et Edward restait toujours aussi silencieux. Je n'étais pas d'une nature particulièrement curieuse mais je devais admettre que son attitude m'intriguait.
« Pas mal la petite soirée d'hier ? » tentai-je de lancer la conversation.
« Hum, hum. »
Waw, ça va être sympa comme voyage !
« Ces Quileutes sont des types vraiment géniaux. »
« Ouais. »
« Bon, Edward. J'sais pas ce que tu as depuis hier mais t'es space, mec. »
« Désolé, Em. J'ai des tas de trucs en tête. »
« Oui, et tes trucs sont apparus subitement durant la soirée. Comme par enchantement. »
« Oui…non …enfin … »
« Vas-y. Raconte à ton grand frère, » le taquinai-je en frappant mon poing sur son épaule.
« Ca va. Je pense juste à … Irina et son retour prochain, » répondit-il.
Je jetai un regard en coin à Edward. J'avais la nette impression qu'il ne me disait pas la vérité. Mais le connaissant, j'aurais beau le questionner, jamais il ne me dirait ce qui le tracassait. Je devais le laisser prendre la décision de me parler, seul. Ne voulant pas retomber dans le silence, je sautai sur l'occasion de parler de cette chère Irina. Nous n'avions jamais été de grands amis, elle et moi, contrairement à mon frère. Nous la connaissions depuis l'enfance car nos parents se fréquentaient beaucoup. Irina et Edward avaient été inséparables tant durant l'enfance qu'à l'adolescence. Mais jamais je n'avais pensé qu'ils finiraient par sortir ensembles et encore moins à se fiancer. Ils avaient énormément de points communs c'est certain mais lorsque je les voyais ensembles, j'avais le sentiment que quelque chose m'échappait. Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre. Oh, j'avais bien tenté d'en parler avec mon frère mais il m'avait gentiment envoyé promener.
« Quand revient-elle de vacances ? » demandai-je.
« Elle est partie pour trois semaines. »
« Et tu vas la rejoindre, je suppose ? »
« Non, j'ai pas mal de projet pour le moment, » répondit-il avec une pointe de déception.
« Bien, on va pouvoir s'amuser un peu alors. »
« J'ai pas trop la tête à ça pour le moment. »
Okay !
« Veux-tu m'expliquer ce que tu as à la fin ? Tu es taciturne depuis hier. Tu as à peine desserré la mâchoire. Dis-moi ce qui t'arrive. » Insistai-je en le fixant. Edward grimaça avant d'ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt.
« Désolé Em. Je sais que je ne suis pas très gai pour le moment mais …. » commença-t-il avant de soupirer.
« Mais ? »
« Mais j'ai des petits soucis. »
« Ouais ! Et tu ne veux pas m'en parler ? »
« Si mais je veux pas t'embêter, » répondit-il. Il espérait certainement que je laisserais tomber mais il avait titillé ma curiosité.
« Tu ne m'embêtes jamais, petit frère. Vas-y. Dis-moi ce qui te perturbe tant.»
Je regardais mon frère qui ferma les yeux une fraction de seconde avant de pivoter légèrement sur son siège et de fixer son regard dans le mien. Je lui souris pour l'inciter à poursuivre.
« Il y a quelques mois, j'ai rencontré une fille. … »
« Mignonne ? »
« Emmett ! »
« Ok, ok, je me tais, » m'excusai-je.
« Donc, j'ai rencontré une fille et oui elle était très mignonne. J'ai passé la soirée et la nuit avec elle. »
« Et bien mon cochon ! Toi qui me fais toujours la morale en me disant que j'étais un chaud lapin ! Et après ? »
« Après ? Je me suis éclipsé le matin. »
« Non ! T'es pas parti comme un voleur quand même ? »
« Si. Je devais rentrer pour voir les parents, les producteurs et Irina. Alors je suis parti. »
« Oui mais quand même, te tailler ainsi sans un mot, c'est …c'est moche. »
« Je sais, » soupira-t-il, le regard triste.
Triste ?
« Et évidemment, tu n'as pas revu cette nana ? »
« Evidemment ! Tu oublies que je suis fiancé, » s'outragea-t-il.
« Non, moi je n'oublie pas. Mais toi, tu l'as oublié quelques heures ! »
« Si j'avais su que tu me ferais des reproches, je ne t'aurais rien dit, » rouspéta-t-il en se détournant de moi.
« Loin de moi l'idée de te faire des reproches mais c'est tellement …pas toi. Pas que j'approuve particulièrement tes fiançailles avec Irina mais tu es toujours si respectueux et droit que je suis…sur le cul. »
« Je sais, » répéta-t-il.
« Bien si tu le sais, c'est un bon point. Mais …et la fille ? » Insistai-je, curieux.
« Quoi la fille ? Je ne l'ai jamais revue. »
« Et tu le regrettes. »
« Non. Non…Enfin…*soupire*…si un peu. »
« Ah oui ! Juste un peu ? Alors t'attends quoi ? »
« C'est pas si simple que ça, Emmett. »
« Moi je trouve que si. Tu rencontres enfin une fille qui te plait vraiment et que tu n'oublies pas. Alors fonce, va la voir. »
« Et Irina, tu en fais quoi ? »
« Oh Irina. Elle est et l'a toujours été, plus ton amie que ta petite amie. Ouvre les yeux, Edward. »
« Je sais pas, Em. »
« Edward, tu… »
« Non, c'est tout. On ne chamboule pas toute sa vie ainsi pour une fille qu'on ne connait pas, » s'énerva-t-il.
« Ok. Ok J'insiste pas, » répliquai-je en levant les mains devant moi en signe de reddition. L'expérience m'avait appris qu'il était inutile de trop pousser Edward. Il s'enfonça dans son siège et ferma les yeux, signe que la discussion était close. Je m'installai confortablement pour terminer notre vol mais les révélations de mon frère me trottaient dans la tête.
Résumons la situation. Mon frère rencontre une fille, il y a quelques mois. Donc quand nous étions en tournage. Mais je ne l'ai pratiquement jamais quitté. Il est rentré une seule fois. Il a dû la rencontrer à l'aéroport.
C'est plausible. Mais pourquoi a-t-il changé d'attitude durant la soirée ? Le voyage en avion ou en voiture jusqu'à la réserve s'était très bien passé et il était jovial, gai et très heureux d'être là-bas. Qu'est-ce qu'il s'était passé pour qu'il se ferme ?
Nous riions tous en buvant des bières. On s'était installé devant l'écran. On plaisantait, Edward avec nous. Puis, je le vis se renfermer et ne plus parler. Il était comme perdu dans ses pensées. Il a changé après le coup de téléphone de Jacob à …Bella !
C'est impossible. Comment l'aurait-il rencontré ? Il était absent lors de la fête. Jamais elle n'avait rendu visite à Jake sur le tournage. Les bribes de conversation de hier me revinrent en mémoire.
« La camionnette de Bella est tombée en panne. Elle a dû rebrousser chemin. Elle regrette de ne pas pouvoir vous voir, » avait annoncé Jake en raccrochant.
« C'est moche, je me réjouissais de la revoir, » avais-je déclaré.
« Tu la connais ? »
« Ouais. J'ai eu l'occasion de discuter longuement avec elle le soir de la fête de clôture. Tu ne sais pas ce que tu as raté. Vous avez pas mal de goûts en commun. »
« Je n'en doute pas, » avait-il marmonné entre ses dents.
Je l'avais entendu sans y prêter attention. Maintenant tout prenait un sens. Je hochai la tête pour moi-même car j'avais la quasi-certitude que la mystérieuse fille que mon frère avait rencontrée et Bella ne faisaient qu'une seule et même personne.
POV Bella
Trois mois plus tard.
New York ! Quelle magnifique ville. J'en avais rêvé des centaines de fois et j'y étais enfin. J'avais travaillé dur pour avoir cette chance d'être ici.
Nous étions arrivés la veille, Angela, Jane et moi pour assister à un séminaire de littérature qui avait lieu ce week-end. Nous avions, toutes les trois, participé à un concours organisé à la l'Université de Seattle pour notre cours de littérature contemporaine. Les gagnants de ce concours se voyaient offrir le voyage à New York mais également l'opportunité de rencontrer des auteurs célèbres et des éditeurs susceptibles de publier notre nouvelle.
Mon rêve étant d'écrire un roman et surtout d'être édité, j'avais sauté sur l'occasion. Participer à ce concours était une opportunité que je ne pouvais laisser passer. Nous avions eu un mois pour rédiger une nouvelle de cinquante pages sur un sujet au choix. Le thème était très libre et mon imagination très fertile même si je devais reconnaitre que je m'étais légèrement inspiré de certains évènements de ma vie.
Nous étions quarante-sept à avoir participés. Lors de la proclamation des résultats, j'étais stressée et surtout très étonnée d'être arrivée dans le trio gagnant. Quelques jours plus tard, nous avions embarqué de nuit à Sea Tac, direction New York. Le trajet se fit dans la bonne humeur et l'excitation. Tout était très bien organisé. Nous avions été pris en charge lors de notre arrivée par une équipe du NY Tribune, sponsor du concours. Nous étions logés dans un bel hôtel à deux rues de Central Park.
Je m'étais promis de prendre le temps d'aller m'y promener avant de repartir ainsi que de visiter le Metropolitan Museum of Art .
Le séminaire se déroulait sur deux jours. Ce serait durant la réception du second jour, que serait annoncé le grand vainqueur du concours. Car si j'étais dans le trio sélectionné par l'université de Seattle, nous n'étions pas les seules. Des étudiants en littérature des quatre coins des Etats-Unis ayant participé au même concours que nous, étaient présents. La meilleure nouvelle se verrait proposé d'être éditée. Le rêve de chacun d'entre-nous.
Les premières conférences avaient eu lieu hier soir et nous étions rentrées exténuées à l'hôtel mais comblées. Les exposés étaient très intéressants et durant la pause, nous avions pu discuter avec des journalistes et des auteurs de nouvelles paraissant dans des revues locales.
Nous nous étions levés tôt ce matin afin de prendre un petit déjeuner copieux avant de prendre le chemin de l'hôtel Plaza Athenee dont les salles de réception avaient été aménagées pour l'occasion en salle de conférence. Dès notre arrivée, nous avions été comme la veille pris en charge par l'une des attachées de presse du NY Tribune. Elle nous conduisit jusqu'aux places qui nous avaient été réservés et nous expliqua le déroulement de la journée. La matinée fut consacrée à la présentation des différentes maisons d'éditions sponsorisant le séminaire ainsi que les derniers bouquins qui paraitraient sous leur blason d'ici quelques semaines.
Un délicieux repas nous fut servi au « Bar Seine lounge » ainsi qu'aux différents participants. Le luxe environnant nous mettait Angela et moi, légèrement mal à l'aise. Nous n'étions pas habituées à temps de faste. Mais Jane, quant à elle, semblait totalement dans son élément. Il est vrai qu'elle ne venait pas du même niveau social que nous mais malgré son côté « petite fille riche », elle était vraiment sympa et ne se donnait pas un genre de pimbêche.
L'après-midi se révéla aussi passionnant que la matinée avec des allocutions de différents auteurs contemporains reconnus. J'aurais pu les écouter parler durant des heures, tant les entendre parler avec émotion et ardeur de leur passion était fascinante. Aux alentours de seize heures, Jane et Angela décidèrent d'aller faire du shoping en attendant de rentrer se préparer pour la réception. N'étant pas fan des magasins, je déclinai l'invitation. De toute manière, j'avais promis que je profiterais de ce voyage pour effectuer une visite. Mais maintenant que j'étais face à ma promesse, j'hésitais, un nœud en travers de la gorge.
FLASHBACK
Mon départ était programmé pour la semaine suivante et j'avais tenu à venir passer quelques jours avec Jacob avant mon départ. Mes cours me prenaient tellement de temps que je l'avais un peu délaissé ces dernières semaines. Je ne me tracassais pas car il était entre de bonnes mains avec Leah mais mon meilleur ami me manquait.
J'étais donc au chalet depuis deux jours. J'avais préparé des lasagnes pour le dîner sachant que c'était l'un de ses plats favoris et je l'attendais devant le feu de bois, bien au chaud. Il faut dire, que nous étions à la fin de l'hiver et qu'il avait été rude cette année. De plus, j'étais d'une nature frileuse.
Le bruit pétaradant du moteur de la vieille Golf de Jacob me sortit de ma lecture. Je me levai et me dirigeai vers la porte pour l'accueillir. Lorsque je l'ouvris, je fus surprise de découvrir deux gaillards basanés à ses côtés. Jared et Sam l'accompagnaient. Heureusement que j'avais préparé des pâtes pour un régiment car ces deux-là mangeaient comme des ogres.
« Coucou ma Bella, » me salua Jacob en me soulevant de terre.
« Pose-moi par terre, Jacob. Combien de fois devrais-je te le dire ? » rouspétai-je en souriant.
« Encore pas mal de fois. »
« Salut, Bella. »
« Bonsoir vous deux. Comment allez-vous ? »
« Bien. Jacob nous a invités pour manger, t'es pas fâchée ? » demanda Jared en passant devant moi et s'affalant dans le divan.
« Non, pas de problème. Il y a plus qu'assez. Et où est Leah ? »
« Elle est retenue au village chez sa mère. Je doute qu'elle rentre très tôt. »
« Ok, je vous serre à boire avant de finir de préparer le repas ? » Questionnai-je en me dirigeant vers la cuisine.
« Une bière pour moi, » répondit Sam.
« Moi aussi, » cria Jared.
« Bon les mecs. On vous apporte la première mais c'est pas parce que Bella est ici qu'on va vous servir comme des princes. Vous avez soif, vous levez vos fesses pour aller jusqu'au frigo. C'est compris ? »
« Oui chef, » s'écrièrent-ils tous les deux en imitant un garde à vous.
J'éclatai de rire avant de m'enfuir dans la cuisine. Je sortis des cannettes que Jake leur apporta avant de m'affairer aux fourneaux. Quelques minutes plus tard, je les rejoignis après avoir dressé la table. Ils me racontèrent leur journée qui d'après leurs dires, n'avait pas été de tout repos. Les anecdotes et les blagues fusaient. Je me sentais toujours bien lorsque je séjournais ici. J'étais chez moi. Il ne resta rien des lasagnes qu'ils dévorèrent avec bon appétit. Les garçons m'aidèrent pour la vaisselle afin que je puisse m'installer avec eux et regarder la télévision.
Ce soir-là, on retransmettait la cérémonie des Oscars. Ils ne voulaient pas la rater car le court-métrage réalisé sur la réserve de la Push, leur réserve, était en lice. Je pris place dans le divan, confortablement installée entre Jacob et Jared. Sam préféra s'assoir dans le vieux fauteuil sur notre droite.
Chaque nomination et prix furent discutés et disséqués par mes compagnons. Ils donnèrent leur avis sur chaque film, acteur, actrice. Personne ne fut épargné. Une heure après le début de la cérémonie, le présentateur annonça que le prix qui allait être décerné était celui qui récompenserait le meilleur réalisateur de court-métrage américain. Je sentis mon cœur s'emballer. Je tentai de me calmer et de ne pas trop attirer l'attention des autres. Je triturais mes mains nerveusement en entendant les quatre nominés.
« Les voilà, » s'écria Jared en voyant le visage d'Edward apparaitre à l'écran lorsqu'on cita son nom.
On distinguait la tête d'Emmett à ses côtés. C'était la première fois que je le revoyais depuis notre nuit. Et malgré le fait que c'était au travers d'un écran, j'étais très fébrile. J'inspirais profondément pour me calmer.
« Il va gagner, c'est le meilleur, » déclara Sam.
« Ouais, je suis bien d'accord avec toi, » ajouta Jacob.
Les garçons s'étaient avancés sur leur siège comme pour être plus près de lui et le soutenir. Pour décerner le prix, deux acteurs, Aston Kuchner et Robert Pattinson, se présentèrent sur scène, une grande enveloppe à la main. Ils échangèrent quelques mots que je n'entendis même pas. L'enveloppe fut ouverte et un sourire apparut sur le visage d'Ashton Kuchner qui leva les yeux vers le vainqueur.
« Et le gagnant est …. Est…Edward Cullen pour son film : La Push, un monde à part, » annonça l'acteur en faisant un signe vers les deux frères.
Les garçons se levèrent en poussant des cris de joie. Quant à moi, j'avais le regard rivé sur l'écran et sur le visage d'Edward qui arborait un magnifique sourire. Il était heureux. Il se leva et se retrouva dans les bras musclés d'Emmett. Je le vis ensuite se pencher, caresser la joue d'une superbe blonde avant de poser ses lèvres sur les siennes. Ils se souriaient tandis que moi je sentais mon cœur se fissurer. Une douleur aigue se logea dans ma poitrine et mes yeux s'embuèrent. Je vis dans un brouillard Edward et Emmett monter sur scène et recevoir la statuette d'or. Le reste devint flou et je me levai pour fuir vers la cuisine avant qu'un des garçons ne remarque quelque chose.
Je m'appuyai sur le plan de travail face à la fenêtre et tentai d'empêcher les larmes de couler. Mais pourquoi réagissais-je ainsi ? Il avait sa vie. Il ne m'avait jamais rien promis, au contraire. Pourquoi le voir avec cette blonde me faisait-il tant souffrir ?
Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas des pas s'approcher. Deux bras puissants m'enveloppèrent, m'attirant contre un torse chaud et protecteur. Je déglutis et inspirai profondément tentant de ravaler ma peine.
« Qui a-t-il Bella ? »
« Rien, pourquoi demandes-tu ça ? » Répondis-je en essuyant l'évier qui n'en avait pas besoin.
« Parce que tu es nerveuse depuis le début du programme télé. Parce que tu as retenu sans raison ta respiration lors de la proclamation. Ok tu attendais comme nous de savoir mais c'est excessif à mon sens. Parce que, bien que tu attendais les résultats, tu n'as pas sauté de joie comme nous. Parce que tu t'es enfuie les larmes aux yeux. »
« Mais non. Tu dis n'importe quoi. »
« Ah oui ! Alors tourne-toi et regarde-moi. Dis-moi dans les yeux que je me trompe, » insista-t-il.
« Jacob, je vais bien. Je range juste peu, » expliquai-je sans bouger. Mais c'était mal connaitre Jake. Il posa ses mains sur mes épaules et me fit pivoter afin que je le regarde. Je baissai les yeux instantanément ne voulant pas qu'il lise en moi trop facilement. Il posa un doigt sous mon menton, le releva.
« Vas-y. Dis-moi que tu vas bien. »
« Je …je vais …bien, » répondis-je, la voix légèrement chevrotante. J'étais pathétique.
« Viens-là, ma Bella, » murmura-t-il en reculant pour s'assoir sur la chaise derrière lui. Il me prit sur ses genoux et instinctivement, comme lorsque nous étions ensembles, je me blottis contre lui. Par ce geste, je cherchais la sécurité et le réconfort. C'est à ce moment-là que les larmes choisirent de se déverser à flot. J'étais secouée de sanglots tandis que Jake me caressait le dos. Lorsque les larmes se tarirent, je me redressai et fixai mon regard dans celui de mon ami. Je lui devais la vérité.
« Tu as raison. C'est pas la grande forme. »
« C'est le moins qu'on puisse dire. Qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Je suis contente pour Edward. »
« Heureusement. Comment serais-tu si tu ne l'étais pas, »plaisanta-t-il.
« Très drôle ! »
« Maintenant, vas-tu m'expliquer comment tu connais Edward car d'après mes souvenirs, tu ne l'as jamais rencontré. »
Subitement, mes mains devinrent moites, ma respiration s'accéléra. Je devais lui expliquer mais cela signifiait lui avouer ma trahison. Comment allait-il réagir ? Allait-il m'en vouloir ? Me jeter à la porte ?
« Bella ? »
« C'était pendant le tournage. Un soir d'orage, il s'est perdu et je lui ai permis de rester ici le temps que ça se calme. »
« C'était quand ? »
« Juste avant que je ne parte pour la fac. Il a …passé la nuit ici. Il était gentil, doux….et…Je suis désolé Jake. »
« Pourquoi ? »
« Je…j'ai couché avec lui cette nuit-là. »
« Oh ! »
« Oui. Je voudrais te dire que je regrette, que ça n'avait pas d'importance mais … je ne peux pas. Le lendemain matin, il avait disparu. Tu es rentré quelques heures plus tard et nous avons eu la discussion mettant fin à notre couple. Je suis désolée, » répétai-je.
« Ne t'en veux pas, Bells. Ce jour-là, nous étions deux à vouloir arrêter. Je m'étais rendu compte que Leah me plaisait beaucoup. Je t'aime Bella et ce depuis des années mais comme la meilleure amie que tu es. Alors, surtout ne t'en veux pas. »
« Merci Jacob, » répondis-je en passant mes bras autour de son cou et embrassant sa joue.
« De rien. Bon et vous vous êtes revus ? »
« Non, jamais. »
Je regardai Jacob qui souriait. Ne comprenant pas pourquoi, je levai les sourcils.
« Qu'y a-t-il ? »
« Maintenant, je comprends ce qu'il faisait ici le dernier jour du tournage. »
« Il est venu ? »
« Oui. Il m'a raconté qu'il voulait un endroit pour un film. Mais en y repensant, il n'arrêtait pas de regarder autour de lui et m'a même demandé si je vivais seul. L'enfoiré. En réalité, il venait te voir. »
« Mais non, tu te trompes. »
« Non, je ne me trompe pas. En plus, le jour du visionnage du film, il était bizarre. Très renfermé, taciturne. Et il a changé quand je t'ai téléphoné. »
« Tu te fais des idées Jake. Il ne doit plus penser à moi depuis longtemps, » répondis-je rapidement.
Mais l'espoir s'insinuait lentement en moi. Se pourrait-il qu'il ait pensé à moi autant que j'ai pensé à lui ?
«J'en doute. La dernière fois que j'ai eu Emmett en ligne, il m'a demandé de tes nouvelles. »
« Ca ne prouve rien. Et puis, tu l'as vu. Il est avec une superbe blonde. »
« Ouais, peut-être. Mais dans ce genre de réception, c'est peut-être à la mode d'avoir une fille à son bras. Que comptes-tu faire ? »
« Moi ? Mais rien voyons. »
« Bells, tu viens de m'avouer que tu ne regrettais absolument pas cette nuit et que tu y pensais encore. »
« Oui et alors ? »
« Alors, ma belle. Tu vas à New York dans quelques jours, tu vas aller le voir. Tu verras s'il te fait toujours le même effet et surtout comment il réagit. »
« Tu es fou. Tu me vois, débarquant dans son bureau. Salut Edward. Je viens voir si tu veux de moi ? »
Jacob éclata de rire à ma démonstration.
« Je ne vois pas les choses vraiment ainsi mais oui, tu vas aller le voir. »
« Non, je ne peux pas. Et puis je ne sais pas où est son bureau. »
« Pas de problème. Emmett m'a justement donné l'adresse récemment. Et il m'a même demandé de tes nouvelles. C'est peut-être un signe. »
« Un signe ! Je ne saurais pas, » répliquai-je en secouant la tête.
Je me levai et m'apprêtai à rejoindre les autres quand Jacob attrapa mon poignet. Il m'obligea à le regarder avant de poursuivre.
« Bella. Tu vas bientôt à New York. Tu vas aller le voir. Si vous devez vous revoir, les choses se feront naturellement. Peut-être que lorsque tu seras face à lui, tu te rendras compte que tu l'idéalisais. Promets-moi que tu iras ? »
« Ok, je te le promets, » acquiesçai-je en soupirant.
Fin du FLASHBACK
C'est ainsi que je me retrouvais aujourd'hui devant l'immeuble, me demandant si je devais où non monter. Je pourrais toujours inventer une excuse pour Jacob. Mais ne regretterais-je pas de ne pas avoir eu le courage d'y aller ? Combien de temps me faudrait-il pour l'oublier complètement ? Jacob avait peut-être raison. Quand je le verrais, je me rendrais compte qu'il n'était pas si intéressant que ça. Mes réflexions me donnèrent le courage de monter dans l'ascenseur et de pousser sur le bouton indiquant le dixième étage.
Un « ding » retentit m'annonçant que j'étais arrivée au bon étage. Les portes s'ouvrirent me permettant de sortir de l'ascenseur. Je me trouvais dans un hall lumineux avec face à moi un comptoir. Je m'en approchai et dus m'éclaircir la voix pour oser demander mon chemin à la jolie brune qui releva la tête et me sourit.
« Bonjour, que puis-je pour vous ? »
« Bonjour. Excusez-moi de vous déranger…mais je cherche le bureau de Monsieur Cullen. Edward Cullen. »
« Avez-vous rendez-vous ? »
« Non ! Je n'ai pas pensé à le faire. Je ne suis que de passage, » expliquai-je.
« Je doute qu'il soit là mais allez demander à sa secrétaire. Prenez le couloir et au bout vous arriverez au bureau de Monsieur Cullen, » répondit-elle aimablement.
« Merci. »
Je prix donc le chemin qu'elle m'avait indiqué, sentant mon stress augmenter à chaque pas. Je passai devant plusieurs portes et bureaux avant de me trouver dans une vaste pièce contenant un bureau avec, assise derrière, une superbe blonde pouvant rivaliser avec celle que j'avais vu quelques jours plus tôt à la télévision. Elle ne daigna même pas lever les yeux en m'entendant arriver.
« Pardon ? »
Toujours concentrée sur son écran, elle ne répondit pas. Je déglutis pour me donner de l'assurance.
« Pardon ? » Répétai-je plus fort.
« Oui ? »
La secrétaire, qui d'après le porte nom posé sur son bureau, se nommait Lauren Mallory, me toisa avant de parler. Elle grimaça avant d'afficher un sourire faux sur ses lèvres.
« Vous désirez ? »
« J'aurais aimé rencontrer Monsieur Cullen. »
« Vous avez rendez-vous ? »
« Non, je suis de passage et je… »
« Je suis désolée mais Monsieur Cullen est absent et ne reçoit pas sans rendez-vous, » me coupa-t-elle avant de se replonger dans sa lecture.
« Quand rentre-t-il ? » demandai-je.
« Il ne me l'a pas dit. Mais son emploi du temps est très chargé, Mademoiselle, » répliqua-t-elle en soupirant.
Elle me montrait clairement que je la dérangeais et que je ne devais pas compter sur elle pour qu'elle m'aide à rencontrer Edward. Mais maintenant que j'étais là, autant tout tenter.
« Bien. Pourriez-vous lui transmettre ces documents ? C'est assez important et urgent. »
« Mais bien sûr, » répondit-elle.
« Merci. »
Je pivotai pour reprendre le chemin de l'ascenseur, ne voulant pas passer plus de temps avec cette pimbêche. La standardiste me sourit lorsque je passai devant elle. Les portes s'ouvrirent au rez-de-chaussée et dans mon élan pour quitter le plus rapidement possible cet immeuble, je percutai de plein fouet un mur de muscle.
« Doucement, Mademoiselle, vous allez vous faire mal, » déclara le colosse.
Levant les yeux au son d'une voix familière, je me retrouvai face à Emmett, tout sourire.
« Bella ! »
« Bonjour Emmett. »
« Mais que fais-tu ici ? » demanda-t-il en prenant mon bras pour nous écarter de l'ascenseur.
« J'assiste à un séminaire de littérature. »
« Oui, Jacob me l'a dit. »
« Tu as parlé à Jacob ? » m'étonnai-je en levant les sourcils.
« On se parle souvent. C'est un type bien. »
« Oui, je sais. »
« Et donc tu es à New York pour quelques jours ? »
« Je repars demain fin de journée. »
« Déjà ? Je t'invite à diner ce soir, d'accord ? »
« C'est gentil Emmett mais j'ai une réception ce soir au Plazza-Athénée. On doit proclamer les résultats d'un concours auquel j'ai participé. »
« Zut alors. Mais tu ne m'as pas répondu. Que fais-tu ici ? »
«Ici ? »
« Oui ici. Il n'y a que des bureaux dans ce bâtiment, » répondit-il.
Je vis un sourire sur son visage qui une fraction de seconde me rappela celui de son frère. Perdue dans ma contemplation, il insista.
« Pourquoi es-tu dans cet immeuble, Bella ? »
« Oh. Je …j'étais venue…pour voir ton frère, » bégayai-je en rougissant.
« Et tu l'as vu ? » s'exclama-il comme si je lui annonçais un évènement important.
« Non, il est absent. J'ai laissé une nouvelle que j'ai écrite pour avoir son avis. C'est Jake…qui me l'a conseillé, » me justifiai-je.
« Bien. Je veillerai à ce qu'il l'ait très rapidement. As-tu le temps d'aller boire un verre ? »
« Désolée Emmett, mais mes amies doivent m'attendre, » m'excusai-je.
Le regard d'Emmett sur moi, me montrait qu'il savait quelque chose. Jacob lui aurait-il tout raconté ? Où était-ce Edward qui lui en avait parlé ? Comme toujours quand je me sentais mal à l'aise, je pris la fuite. Je saluai Emmett et m'enfuie presque en courant retrouver mes amies.
POV Emmett
Je regardai Bella fuir. Oui elle s'enfuyait réellement. Depuis notre retour de Forks, je n'avais pu obtenir aucune réponse de mon frère. J'étais certain d'avoir vu juste. Durant des semaines, j'avais tenté de lui tirer les vers du nez mais il était resté muet sur le nom de sa mystérieuse inconnue. Plus le temps passait et plus je trouvais que tout se recoupait parfaitement pour désigner Bella. Je n'en eus la confirmation que deux jours plus tôt, lorsque Jacob me téléphona. Sur le moment, je fus surpris de son appel mais très vite la conversation dévia sur son amie. Il confirma mes doutes en me racontant que Bella venait de tout lui avouer et il essayait de connaitre les sentiments d'Edward à son sujet. Malheureusement, je ne pus lui donner aucuns détails puisque mon frère restait muet comme une carpe. Il m'annonça que Bella venait à New York et qu'elle lui avait promis de venir voir Edward. Je n'avais donc été qu'à moitié surpris de la voir dans le hall d'entrée.
Bella était bien venue mais la rencontre n'avait pas eu lieu. Comme Bella repartait le lendemain et que mon frère avait quitté le bureau jusqu'à lundi, il y avait peu de chance pour que le destin les mette en contact. Il n'y avait donc qu'une seule solution. Aider un peu ce maudit destin qui n'était décidément pas de leur côté.
Je déboulai dans le bureau de Lauren, la secrétaire de mon frère. Comme toujours elle faisait celle qui était super débordée alors qu'en réalité, elle se tournait royalement les pouces. J'avais du mal à comprendre pourquoi mon frère la gardait. Ses seules occupations étaient de mater Edward et de tenter, sans aucun résultat ni discrétion, de le mettre dans son lit. Parfois, je comprenais qu'il soit resté avec Irina si longtemps. C'était une sécurité.
« Salut, Lauren, » l'apostrophai-je, la surprenant.
« Bonjour, Emmett. Votre Frère est absent, » informa-t-elle avec un dédain prononcé dans la voix.
« Oui je sais. Je viens chercher les documents que Mademoiselle Swan a déposés pour lui. »
« Mademoiselle Swan ? Ca ne me dit rien. Je n'ai pas de documents pour votre frère. »
Son air condescendant commençait à me taper sur les nerfs. J'inspirai profondément pour garder mon calme avant d'insister.
« Une jeune dame vient bien de venir apporter des documents ? »
« Heu… Je lui ai dit que Monsieur Cullen était absent… »
« Ce n'est pas ce que je vous demande. Je veux ces papiers ! »
Lauren avait viré cramoisie et elle semblait proche du malaise. Absolument indifférent à son air, je tendis la main vers elle exigeant la nouvelle de Bella. Lauren recula son fauteuil, se pencha et ramassa une grande enveloppe brune dans sa …. Corbeille à papier. Je sentis une bouffée de fureur monter en moi.
« Comment osez-vous jeter des documents destinés à mon frère sans son aval. »
« Cette personne n'avait pas de rendez-vous.. »
« CA SUFFIT ! Je me moque de vos excuses à deux balles. Donnez-moi cette enveloppe. Je vois Edward ce soir et croyez-moi je doute qu'il tolère votre attitude plus longtemps,» m'énervai-je en faisant demi-tour, m'éloignant de cette femme avant de péter les plombs.
J'avais intérêt à me calmer avant ce soir. Ma mère chez qui je devais diner en famille, ne tolérerait pas que je m'énerve chez elle. Une seule solution, rendre visite à ma nouvelle conquête. Une magnifique Blonde rencontrée quelques jours plus tôt en boite et qui me faisait littéralement craquer. Pour la première fois de ma vie, je me voyais bien rester avec elle et envisager une relation plus stable.
La simple idée de voir Rosalie me dérida. C'est le sourire aux lèvres que je montai dans ma voiture en imaginant la tête de mon frère. Je me réjouissais vraiment d'être ce soir.